Karim Essemiani, fondateur de Gwenneg à Rennes : « Ne me parlez pas de racines bretonnes, parlez-moi de feuilles ! »

Avec sa plate-forme de financement participatif, Karim Essemiani nous aide à financer nos projets d’entreprise. Mais aussi à devenir des « consomm’acteurs », et à élargir nos horizons…

Quand est née l’entreprise Gwenneg et combien êtes-vous à y travailler  ?

Gwenneg a été créée en janvier 2015 et la plateforme a été lancée 6 mois plus tard. Il y a maintenant 6 personnes dans la structure, donc 4 salariés.

Qu’est-ce qui vous a amené à créer Gwenneg ?

J’ai eu l’idée de Gwenneg pour réagir à une situation que je trouve inacceptable, et dont j’ai fait concrètement l’expérience : la difficulté pour les entrepreneurs à trouver des investisseurs. En 2012, nous sommes venus avec ma femme et mon fils nous installer en Bretagne. Je venais travailler pour la BCI (Bretagne Commerce International). J’accompagnais les entreprises étrangères voulant s’implanter ou investir en Bretagne. Mais je passais de plus en plus de temps à aider des entreprises bretonnes qui souhaitaient faire de l’export ou se développer et qui n’y parvenaient pas faute de financement. Je voyais de bonnes idées qui ne pouvaient se concrétiser faute de trouver des investisseurs !

Vous aviez déjà une expérience de la création d’entreprise ?

Pas du tout, je n’avais au départ pas spécialement la fibre entrepreneuriale, créer une entreprise n’était pas du tout dans mes objectifs ! Je suis né et j’ai fait mes études d’ingénieur en Algérie, et suis venu passer mon doctorat à Toulouse. J’ai travaillé pendant 15 ans comme directeur commercial à l’international d’un grand groupe (Veolia), ce qui m’a amené à beaucoup voyager, en Asie, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis, où j’ai vécu pendant 5 ans. Tout cela a été pour moi une expérience très formatrice et très riche humainement.

Comment vous êtes-vous préparé à ce virage de la création d’entreprise ?

Tout d’abord, j’ai repris mes études, en 2014. C’était en formation continue, le vendredi soir et le samedi. J’habitais à Bruz (et c’est toujours le cas), et travaillais pour la BCI. J’allais tous les week-end à Paris, et travaillais 4 heures le soir en plus de mon travail.

Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai préparé un Executive MBA à HEC. Cela a été un gros sacrifice, à tout niveau ! Sur le plan familial, personnel et financier, car ce sont des formations qui coûtent très cher.

Ensuite vous vous êtes tourné vers des financeurs ou des partenaires ?

Avant cela, j’ai d’abord contacté les leaders nationaux des plateformes de financement participatif, car je pensais pouvoir les déployer en Bretagne. Mais j’ai vu que ce n’était pas une bonne idée. J’ai décidé de créer une plateforme de crowdfunding spécialement dédiée à la Bretagne. J’ai obtenu des partenariats avec le réseau Entreprendre, la marque Bretagne, le Conseil régional, des sociétés de capital risque, le Comité création-reprise… Et il y a eu une première levée de fond en juin 2015.

Comment connaissiez-vous la Bretagne avant de venir y travailler en 2012 ?

J’ai découvert la Bretagne il y a un peu plus de 20 ans, grâce à mon épouse qui est finistérienne. J’y venais régulièrement l’été, pour des vacances, mais dans mon esprit c’était compliqué d’y trouver du travail. Comme beaucoup, je suis attaché à cette région, et suis heureux de pouvoir y travailler car elle offre une grande qualité de vie. Mais pour cela il faut soutenir le développement économique en Bretagne, et c’est ce que j’ai voulu faire en créant Gwenneg.

Comment définissez-vous le financement participatif ?

Le financement participatif ou crowdfunding c’est le « financement par la foule » : une personne ou une entreprise qui a un besoin de financement se fait financer par d’autres personnes. On peut distinguer trois modes de financement : premièrement le don (ou bien le « don contre don » (il y a une contrepartie, et en quelque sorte on « pré-achète » un produit) ; deuxièmement le capital (je deviens un investisseur en entrant dans le capital de l’entreprise) ; troisièmement le prêt, comme le font les banques. Gwenneg propose les trois solutions de financement.

De plus en plus de gens se tournent vers le crowdfunding pour financer leurs projets, cela devient donc de plus en plus difficile de « sortir du lot », non ?

Le crowdfunding est entré dans les mœurs en très peu de temps ! C’est un secteur qui s’est extrêmement et rapidement démocratisé. Pour vous en donner une idée en 2010, il y a eu environ 7 millions d’euros collectés en France par ce moyen ; en 2015, plus de 297 millions ! Cela veut dire que les porteurs de projet doivent maintenant « mouiller le maillot », valoriser leur produit, et ne pas relâcher leurs efforts pour aboutir. Une campagne est un peu comme un marathon. Il ne faut pas partir en se disant « Je fais partie d’un réseau et tout le monde va m’aider ! », ça ne marche pas comme ça. Notre plateforme Gwenneg offre justement un accompagnement, des formations, un coaching ! Mais malgré son succès, on est encore dans une phase « d’évangélisation » de ce mode de financement : nous devons le faire connaître beaucoup mieux.

Quelle est la spécificité de Gwenneg par rapport aux autres plateformes de financement participatif ?

Il y en a plusieurs, d’abord, on propose 3 formes de financement, comme je vous l’ai dit ; ensuite on ne s’adresse qu’aux projets économiques (pas aux projets associatifs) ; enfin les projets doivent avoir un lien avec la Bretagne (en incluant la Loire-Atlantique). Les projets viennent le plus souvent d’entreprises basées en Bretagne, mais on ne regarde pas que la localisation géographique, il faut que les projets aient du sens par rapport au territoire breton.

Est-ce que tout le monde peut devenir prêteur ou donateur ?

Oui parce que le ticket d’entrée est très bas ! Vous pouvez être contributeur à partir de 5 euros, vous pouvez être prêteur à partir de 20, investisseur à partir de 100 euros. Le but est vraiment de faire connaître à monsieur Tout-le-monde la possibilité de soutenir le développement économique du territoire. Que les gens deviennent « consomm’acteurs » !

Qu’est-ce qui peut encourager à devenir prêteur ?

Le prêteur, en aidant une entreprise bretonne à se financer, fait un geste « socialement responsable ». Et le prêt va lui rapporter entre 4 et 9 % de taux d¹intérêt. Bien plus que le livret A !

Toutes les entreprises peuvent postuler pour lancer leur campagne chez vous ?

Oui, toutes les entreprises – créées ou en phase de création – peuvent s’adresser à nous. On examine tous les projets et si nécessaire on sert aussi de relais vers les réseaux Initiatives, les réseaux Entreprendre, les CCI. Avant de lancer une campagne on procède d’abord à une sorte d’audit – plus ou moins détaillé et important en fonction de la taille du projet. On évalue le produit et la capacité du porteur de projet à tenir ses objectifs et à honorer ses contreparties. L’idée est aussi de ne pas berner les contributeurs et de créer un climat de confiance.

Quel est le premier conseil que vous donnez aux porteurs de projet ?

Tout d’abord nous les invitons à voir la campagne de crowdfunding comme un vrai test « grandeur nature » ! Le financement participatif doit permettre de voir si mon projet ou mon produit plaît, s’il y a des clients pour ça, et de mettre à l’épreuve mes propres capacités à conduire et concrétiser mon projet, à convaincre, à vendre ! Si le chiffre d’affaires est difficile à faire à un petit niveau, il le sera aussi à une plus grande échelle. Quand on démarre une campagne de crowdfunding, on touche facilement le premier cercle (les amis, la famille) et le deuxième (le voisinage et toutes nos relations), mais l’idéal est aussi de convaincre le troisième cercle, les gens qui ne nous connaissait pas. On n’est pas que dans la bienveillance, comme dans le projet associatif.

La communication via les réseaux sociaux est aussi un critère de réussite important dans ces campagnes ?

Oui, c’est pourquoi Gwenneg propose un accompagnement pour utiliser les réseaux sociaux, du début à la fin de la campagne. Mais aussi pour formuler ses idées, trouver quelles contreparties donner, et un coaching tout au long de la campagne. Et ça marche, puisque chez Gwenneg nous avons un taux de réussite supérieur à 93 %. En comparaison, les taux de réussite moyens en France sur des campagnes de prévente (en don contre don) est de moins de 60 %. Cela dit l’échec d’une campagne peut être enrichissante si on en tire les leçons !

En quoi est-ce important de bien choisir ses contreparties ?

C’est très important car elles peuvent constituer une prévente. Elles doivent présenter le projet. Si des clients ont pré-acheté mon produit, cela pourra aussi m’aider à convaincre un banquier ou un investisseur… Les gens qui font un don vont constituer les premiers clients de la future entreprise.

Expliquez-nous ce que sont les Crêpes Pitch ?

Les Crêpes Pitch, et les Galettes-saucisse Pitch, ce sont des rendez-vous que nous organisons une fois par mois, où les porteurs de projet peuvent rencontrer le public. Il y en a eu quatre l’an dernier, et cela marche super bien. A Rennes par exemple, 80 personnes sont venues rencontrer 4 porteurs de projets. Il y a des questions-réponses avec le public, et de vrais échanges. On termine par crêpes ou galettes et bolée de cidre. Là on est une vraie plateforme de proximité, on n’est plus dans le virtuel ! Notre but est d’en faire dans chaque grande ville bretonne.

Vous qui ne pensiez pas du tout devenir entrepreneur, comment vivez-vous ce nouveau statut ?

Je gagnais très bien ma vie chez Veolia, mais l’argent ne fait pas le bonheur. Travailler c’est bien mais il faut que ça donne du sens. Gwenneg donne du sens, pas seulement à moi mais à beaucoup de personnes. Mais nous faisons aussi face à la réserve des acteurs institutionnels. Créer une entreprise en France, c’est très compliqué ! Dans notre pays on imagine les chefs d’entreprise comme des gens gagnants très bien leur vie, ou qui s’enrichissent sur le dos des salariés. Ce qui est rarement le cas, car créer une entreprise c’est avant tout beaucoup de sacrifices, donc il y a parfois une certaine frustration ! Heureusement, Gwenneg est sur la bonne voie – même si on reste très vigilants. Et il y a une très belle histoire qui s’écrit en ce moment. Notre entreprise a reçu une recommandation par l’autorité des marchés de faire une levée de fonds rapidement. Des hommes et des femmes du territoire se sont mobilisés pour nous aider (plus une centaine de personnes ont donné 1000 euros chacun). Cela nous donne une assise financière mais surtout une légitimité !

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le fonctionnement interne de la start-up  Gwenneg ?

Il est peut-être assez loin du cliché des start-up ! J’ai un parcours un peu atypique. J’ai maintenant 44 ans, j’ai passé 15 ans dans un grand groupe et principalement à l’étranger, je suis formaté en gestion de projets… Et j’ai aussi acquis pas mal d’expérience de mes « erreurs » passées ! La gestion d’une start up avec un esprit « tout est cool », ne fonctionnerait pas, nous sommes aussi un centre de profit ! Notre entreprise a des processus internes, sans pour autant tomber dans la rigidité et l’inertie qui handicape les grands groupes. L’avantage d’être une petite entreprise, c’est qu’on peut facilement intégrer les retours d’expérience des différentes campagnes et adapter ou enrichir notre offre. Et les collaborateurs travaillent en toute autonomie, en proposant des pistes de développement, de réflexion, des plans d’action.

Peut-on dire que les Bretons sont entreprenants ?

Oui, la région Bretagne se place 5ème en termes de propriété intellectuelle. Les Néo-Bretons sont entreprenants et fiers de leur territoire. Pour moi la Bretagne est riche de sa diversité, de son excellence et de son système éducatif. Nous subissons actuellement des mutations violentes, comme dans l’agriculture, et en même temps on voit la naissance de nouvelles filières, comme le numérique, la mer, les biotechnologies… toutes ces mutations présentent de vraies opportunités.

Qu’appelez-vous les Néo-Bretons ?

Tous ceux qui vivent en Bretagne et aiment cette région, qu’ils soient d’origine bretonne ou non, nés en Bretagne ou pas. Quand on me parle de la Bretagne, je dis souvent : « Ne me parlez pas des racines, parlez-moi des feuilles ! » La Bretagne ne doit pas être que « la terre de mes ancêtres », mais aussi « la terre de mes enfants » ! Autrement dit on ne nait pas Breton, on le devient !

Parlez-nous un peu de vous, quelles sont vos activités en dehors du travail ?

Le lancement d’une entreprise exige beaucoup de temps et d’énergie ! Le peu de temps qu’il me reste, je le consacre à ma famille. J’ai passé un contrat avec ma femme, et j’espère bientôt pouvoir me libérer plus de temps ! Pour aller écouter un concert de jazz, par exemple ! J’étais jusqu’à l’année dernière éducateur bénévole du club de rugby de Bruz, et je fais aussi partie du conseil d’administration de l’antenne rennaise de la Fondation Agir contre l’Exclusion. J’ai eu la chance d’évoluer dans un milieu privilégié, mais pour moi c’est important de m’engager et de rester proche des gens.

Qu’avez-vous retenu de vos voyages ou de votre vie aux Etats-Unis ?

J’ai une vraie culture anglo-saxonne et ma femme et moi avons particulièrement aimé la vie aux Etats-Unis. Là-bas, les gens sont très modestes et accessibles. On est dans des relations humaines très saines, et dans le travail il y a peu d’occasions de conflits. En France on est dans une société très corporatiste, élitiste, et pyramidale. On aime bien dire de quelle école on vient, alors qu’aux Etats-Unis on aime bien dire ce qu’on sait faire ! C’est pourquoi je mets très peu en avant mes diplômes.

Avez-vous déjà ressenti ici en France un sentiment d’exclusion ?

La question ne s’est jamais posée pour moi. Je suis quelqu’un qui travaille beaucoup, et j’ai toujours appris que seule l’excellence prime. On m’a toujours appris à me prendre en main ; à ne pas regretter ce qu’on fait ou ce qu’on ne fait pas. On ne nait pas en ayant une connaissance fine de tout, on apprend de ses erreurs !

Thierry Noëllec, médiateur : « Je n’ai jamais compris la xénophobie »

Thierry Noëllec a fait de l’art de résoudre (ou mieux ! prévenir) les conflits, son métier. Toutes les entreprises sont concernées, y compris les Femmes de Bretagne, lorsqu’elles décident de travailler ensemble. Alors autant ne pas attendre pour bien s’entendre !

Thierry, quel a été votre parcours avant de devenir médiateur ?

Après mes études (à quinze ans j’ai fait l’école hôtelière), je suis parti travailler aux Etats-Unis, pendant quatre ans. Au Texas, puis au Colorado. A Aspen, une station de ski fréquentée par les stars et les millionnaires, on allait faire à manger chez les gens, genre « Chef at Home »… Je suis rentré en France, en 1987, et j’ai été pendant quinze ans directeur de golf, à Blois, puis en Alsace.

Vous ne souhaitiez pas continuer dans le domaine de la restauration ?

Non, je n’ai vraiment pas étudié la cuisine par vocation ! Ce qui me plaisait quand je suis parti faire l’école hôtelière, c’est qu’elle se trouvait à Clermont Ferrand, loin de chez moi, et que j’y étais en pension ! Je ne rentrais à la maison que pour les vacances, à Auray…

Quelles études vous auraient plu ?

A 15 ans, je voulais être journaliste. Je l’ai dit à mes parents, qui m’en ont dissuadé… Du moins c’est le souvenir que j’en ai ! J’aimais déjà écrire, je voulais voyager, mais surtout je voulais quitter l’univers dans lequel j’avais grandi. Pendant ces années où j’étais directeur de golf, j’ai entrepris une psychanalyse, qui a duré de longues années. Et en 2002, après m’être formé à ce métier à Genève, je me suis installé à mon tour comme psychanalyste, à Mulhouse.

Que vous a apporté la psychanalyse, à commencer par la vôtre ?

Elle m’a guéri de mon mal de vivre. Je  n’allais pas bien et il était devenu impérieux pour moi d’aller chercher des réponses, en me faisant aider d’un professionnel. A cette époque, les thérapies brèves ne fleurissaient pas comme aujourd’hui. Les gens oublient que la démarche qui nous amène à nous transformer, demande un investissement, du temps, beaucoup de courage. On ne change pas en un coup de baguette magique ! Il faut du temps pour intégrer en soi les changements. C’est un chemin difficile mais libérateur !

Vous aimiez votre métier de psychanalyste ?

Oui, j’ai exercé pendant cinq ans, et cela marchait bien pour moi, je faisais aussi des conférences… La nature humaine est passionnante mais l’ennui a fini par me rattraper, et un jour, en 2007, j’ai saisi une occasion de partir travailler à l’étranger. On m’a donné 24 heures pour répondre à cette proposition !

Laquelle ?

On m’a proposé un poste de directeur à Luba, en Guinée Equatoriale, d’une plate-forme pétrolière d’une centaine de personnes. Je gérais une « base vie »,  entre l’hôtel et la pension de famille… Il y avait des gens de toutes nationalités et de conditions différentes. Nous n’étions que deux Français. Sur cette plate-forme pétrolière, l’isolement peut être difficile à vivre. Certains restaient des mois sans voir leur famille. Les femmes et l’alcool y étaient interdits ! Je devais m’occuper d’eux, veiller à ce qu’ils ne manquent de rien…

Quel changement par rapport au cabinet feutré du psy ! En même temps votre connaissance de la nature humaine a dû vous être utile pour faire vivre ensemble tous ces hommes ?

Oui, c’était un poste de directeur avec toutes les responsabilités que cela implique, mais le vrai challenge était de préserver de bonnes relations entre ces hommes vivant en vase clos, coupé du reste du monde. Ce qui veut dire être à l’écoute des besoins des uns et des autres, être diplomate. J’ai beaucoup aimé ce travail. En fait j’étais déjà dans un rôle de médiateur. L’anglais et l’espagnol (la langue du pays), étaient les deux langues utilisées pour communiquer.

Ce qui vous avait manqué avec la psychanalyse, c’est la vie au sein d’un groupe, les relations même complexes, au sein d’un groupe ?

Oui, j’ai beaucoup appris grâce à la psychanalyse. Mais là où je me sens à ma place, c’est aussi dans l’action et dans la médiation. Etre capable de rétablir le dialogue ou faire que des gens que tout oppose se parlent, se rapprochent !

C’est pour devenir médiateur que vous êtes rentré en France ?

Oui et non ! Je n’ai pas choisi de mettre un terme à cette expérience ! Pour des raisons obscures tenant à la politique du pays, j’ai été obligé de quitter le territoire du jour au lendemain, comme d’autres français, pour notre sécurité. Je n’ai même pas pu prévenir mes proches, la famille et les amis que je m’étais faits pendant toutes ces années. J’ai dû tout laisser là-bas, et suis rentré sans un sou en poche, et sans droit au chômage. J’avais 56 ans…

Cette cassure brutale a dû être très dure…

Oui. Je suis retourné vivre dans ma famille, à Auray. Sans indemnités ni ressources, je n’avais pas d’autres choix que de me battre. J’ai réfléchi et réalisé que mes expériences passées m’avaient préparé à ce rôle de médiateur, et que je m’y sentais bien !  J’ai fait une formation de six mois à Paris, et je me suis lancé.

Quelle qualité faut-il pour être un bon médiateur ?

Je dirais simplement que c’est… le « goût des autres » ! J’emprunte cette formule à ce film d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, plein de sensibilité. Cela me parle… De l’intérêt, et de l’empathie pour les autres. Et puis l’expérience de la vie !

Le métier de médiateur est peu connu, à quoi l’attribuez-vous ?

En France il est peu connu (sauf peut-être en Alsace), contrairement à  la Suisse ou l’Allemagne. En France, on n’a pas vraiment une culture de la médiation. On peut le voir au niveau des syndicats, on est plutôt dans une logique d’affrontement systématique, alors qu’ailleurs en Europe, on va d’abord privilégier le dialogue pour sortir d’une crise ou l’éviter. C’est pareil avec la justice. Les tribunaux sont saturés de dossiers à traiter. Le recours plus fréquent aux médiateurs permettrait de faire des économies de temps et d’argent. Au Prud’hommes par exemple, qui traitent les conflits dans l’entreprise, quelle que soit la taille du dossier et l’importance du conflit, on est obligé de faire appel à quatre juges et un greffier !

Quelle est la différence entre médiation et conciliation ?

Le  mot « médiateur » est parfois utilisé un peu abusivement. Le médiateur ne fait jamais de conciliation (en France en tout cas, contrairement aux Etats-Unis). Il règle des litiges : on n’est pas d’accord mais on peut se parler. Le médiateur utilise la maïeutique : c’est-à-dire que la résolution du conflit doit émerger des protagonistes. Le médiateur va agir et guider des entretiens – avec tout son savoir faire ! – pour que les personnes qui s’opposent en arrivent à faire émerger une solution qui vient d’elles. Dans la conciliation, on doit se débrouiller pour trouver une solution intermédiaire, quitte à l’imposer aux différentes parties. C’est une solution moins satisfaisante pour moi !

Dans quels domaines intervenez-vous ?

J’interviens aussi bien pour les petites que pour les grosses entreprises, (certaines grosses entreprises disposent de  leur propre médiateur en interne, comme France 3, Bouygues, l’Apec, l’Ursaff, mais c’est rare). Je fais aussi de la médiation judiciaire à la demande d’un juge, avec une association, l’AMBO. Les choses sont en train de changer en faveur de la médiation. La loi sur la médiation dans les litiges de la consommation, par exemple, dit maintenant qu’avant d’arriver devant un, juge, on doit prouver qu’on a essayé d’autres méthodes, médiation ou conciliation. C’est tout de même un progrès !

Dans quels cas et de quelle manière pouvez-vous aider les créateurs d’entreprise, les indépendants ?

Le développement des micro-entreprises, de l’auto-entreprenariat, qui facilite l’accès a l’emploi, augmente aussi les possibilités de conflits, car on oublie parfois de cadrer les choses, de faire signer des contrats… Idem, avec le recours au CESU (Chèque emploi service), qui nous donne un statut d’employeur auquel on n’est pas toujours préparé.  Le conflit peut porter sur la rémunération, le résultat, les conditions du travail… Au lieu d’aller jusqu’au procès parce qu’on ne peut se mettre d’accord, on  devrait penser au médiateur ! Je travaille aussi avec les TPE et les travailleurs indépendants qui s’associent pour travailler ensemble, afin de prévenir les conflits. Pour cela, j’ai mis au point une méthode simple et utile.

On aimerait en savoir plus !

Imaginons deux femmes qui sont amies dans la vie ou qui ont de bonnes relations, et qui décident de s’associer. Le risque de conflit, plus ou moins sérieux, est là, puisque cela fait partie de la nature humaine, et qu’en plus on mêle l’affectif et le travail.  Et l’injonction : « Il faut qu’on se parle », quand ça va mal, ne marche pas ! Le processus que je propose comprend trois outils, présentés en deux entretiens de deux heures environ. On se revoit six mois après la mise en place de ce « contrat » et de ces outils. C’est de la prévention des différends. Si on le veut vraiment, on peut travailler ensemble en préservant une amitié !

Vous semblez très actif dans divers réseaux…

Oui, je suis très « réseaux » ! Je fais partie du réseau lorientais Networking, de BNI, de l’Institut français de la médiation, de l’AMBO (Association des médiateurs de Bretagne Ouest), de la Société des Médiateurs Français.

Qu’est-ce que vous aimez dans la vie ?

Les différences ! Je n’ai jamais compris la xénophobie, je suis un vrai « xénophile » ! J’aime Lorient, qui est une ville rugueuse, et j’aime la poésie du rugueux. J’aime ses pylônes électriques ! J’aime la musique contemporaine et Game of Thrones… J’aime écrire. Cela fait longtemps que j’écris ; de la fiction, du polar, de préférence des choses « non publiables », et non publiées ! J’en suis à mon 7e roman ! C’est à ça, et à mon blog, sur la médiation, que je consacre mes temps libres. Et j’aime mon travail !

Ludovic Simon, fondateur de Do You Buzz : « Je crois en l’intelligence collective »

Ludovic Simon, créateur de DoYouBuzz, est à l’origine de nombreux événements autour du web et des start up, qui ont fait de Nantes un haut lieu du numérique. Il partage avec nous, sans langue de bois, son expérience de l’entreprise et ses rêves…

Ludovic, comment est né DoYouBuzz ?

DoYouBuzz est né d’abord d’une forte envie de ma part de participer à l’aventure du web 2.0 ! J’ai fait mes études après l’éclatement de la bulle internet (2001), à une période où le web se reconstruisait… J’ai eu très tôt envie de participer à ce mouvement qui a fait naître Wikipédia, Facebook et tout un tas de start up. En 2006, je travaillais dans un des principaux médias internet, une entreprise de plus de cent personnes, dans laquelle j’avais du mal à m’épanouir. Même si on était dans l’univers très stimulant du web, c’était malgré tout une entreprise classique, très « pyramidale »… J’étais passionné par le web, j’avais plein d’idées et j’étais débordant d’énergie, mais j’étais au bas de l’échelle. Alors mes idées, la direction s’en fichait !

Quel âge aviez-vous ?

J’avais 25 ans. J’ai donc refait mon CV, mais avec l’envie d’innover, de me démarquer ! J’ai utilisé mes compétences en graphisme et développement de sites web et ce que j’ai obtenu a plu à tout le monde. Avec une mise en page soignée et originale et ce format web, interactif, je n’ai eu que des compliments. C’était comme un site vitrine, très clair, bien mieux qu’un CV Word ! Tous mes amis m’ont dit « Je veux le même » ! Alors je me suis dit : « cette idée est géniale ». Il existait déjà des CV en ligne, mais dont le look n’était pas travaillé, pas attrayant.

Comment avez-vous acquis vos connaissances en multimédia et programmation ? Quelles études aviez-vous suivies ?

J’ai fait un master I en communication et médias à Nantes (SciencesCom) et un master II en école d’ingénieur à Angers (ISTIA). J’aime apprendre et j’ai eu la chance de grandir avec beaucoup de livres autour de moi. Mon goût pour internet et l’informatique a fait que j’ai énormément appris tout seul, sur mon ordinateur, grâce aux tutoriels, et en « bricolant » dans mon coin. Donc l’essentiel de mes compétences pour mon métier, je me les suis faites moi-même.

Qu’est-ce qui vous a persuadé de transformer cette idée en start up ?

J’ai creusé mon projet, notamment avec Eric Warin, le directeur de Sciences Com’, qui m’a encouragé dans cette voie. J’ai aussi validé mon idée avec d’autres sponsors du web. Mais j’ai aussi réalisé que pour que cela soit viable, il fallait créer une plate-forme attirant de nombreux utilisateurs, et que cela nécessiterait des moyens financiers conséquents… Je n’avais pas d’argent, je n’avais jamais rien vendu de ma vie… C’était enthousiasmant et effrayant !

Comment avez-vous réuni tout l’argent nécessaire ?

J’ai eu au départ 10 000 euros prêtés par ma grand-mère, ce qui m’a aidé pour obtenir plus de 200 000 euros en prêts, et aides, y compris celles de Pôle Emploi. J’ai compilé au moins huit aides nationales et régionales. Faire ces demandes de financement m’a pris en tout six mois. J’avais un gros dossier de 80 pages qui impressionnait beaucoup, même si je pense que peu de gens le lisait… J’y croyais à fond ! Avec le recul je me dis que toute cette énergie aurait pu être dépensée différemment, notamment pour chercher des clients !

Ce point de vue est intéressant ! En France, on n’est pas assez pragmatique ?

Si on compare avec les Etats-Unis par exemple, là-bas celui qui veut monter sa boîte va tout de suite à la rencontre des clients. Dans notre système, on commence par faire des Business plan et des tableaux Excel ! Il en faut, bien sûr, et d’ailleurs j’aimais faire ça ! Cela tombait bien car j’avais une peur bleue d’aller voir des clients et qu’ils me disent que ça ne les intéressait pas ! Ce qui n’est pas très logique. Maintenant, ce que je conseille aux jeunes qui se lancent, c’est d’aller se confronter au marché le plus vite possible. Autre exemple, dans mes plans j’avais prévu d’atteindre le million de visiteurs en 6 mois, alors qu’il nous aura fallu 8 ans pour ça ! J’étais donc loin du compte. DoYouBuzz vient juste de franchir le million d’utilisateurs, autrement dit rien ne s’est passé comme prévu !

Combien êtes-vous dans l’entreprise maintenant et à qui s’adressent les services de DoYouBuzz ?

Nous sommes neuf. Notre mission à DoYouBuzz c’est d’aider les gens à faire un CV dont ils soient fiers et à trouver du travail. Ils s’inscrivent gratuitement, pour le réaliser, le tester… Et on propose des options payantes, avec des outils et des avantages significatifs, sous forme d’un abonnement « Prémium », à 5 euros par mois. Une partie de nos clients sont donc les demandeurs d’emploi qui cherchent un poste salarié, mais aussi les indépendants qui ont besoin de se faire connaître. Cette partie représente la moitié de notre chiffre d’affaires.

Quelle est l’autre partie ?

Ce sont les écoles et les entreprises. On aide leurs étudiants ou leurs collaborateurs à faire leur CV. On travaille par exemple avec HEC ou l’Université de Nantes, et avec beaucoup de sociétés de services qui ont besoin de mettre en valeur l’expérience de leurs collaborateurs.

Quelles erreurs fait-on couramment quand on fait son cv ?

Faire un CV est un des exercices les plus compliqués qui soit. La grosse erreur qui est faite, c’est qu’on utilise un jargon, celui de l’entreprise ou du secteur dans lequel on a travaillé. Résultat, le recruteur ne comprend pas bien quelle a été précisément votre contribution, alors que c’est ça qui est important. Avec nos outils, on va justement aider à rendre ça clair et compréhensible. Il y a un guidage, pour simplifier la rédaction, et n’oublier aucun élément.

A travers de DoYouBuzz, qu’avez-vous appris sur la recherche d’emploi ?

Tout d’abord, que quand on est chômeur, la confiance en soi est en chute libre, au bout de quelques mois, voire quelques semaines. On peut être vite perdu. Le conseil qu’on entend le plus c’est : « Envoie ton CV à un maximum d’entreprises ». Mais c’est du temps perdu, ça ne marche pas, c’est du spam ! On entend aussi « va voir les offres », mais les petites annonces et Pôle Emploi ne représentent chacun que 7 % du stock d’emploi pourvus ! Cela n’est pas assez dit. Il faut bien comprendre que la plupart des postes qui sont pourvus n’ont pas fait l’objet d’une offre d’emploi.

Donc les postes sont pourvus à l’intérieur même de l’entreprise ? Ou par le biais du bouche à oreilles, des réseaux ?

Oui, 45 % des emplois sont pourvus après une démarche directe du chercheur d’emploi, et 25 % le sont grâce à des relations. N’oublions pas que les ¾ de l’emploi en France se trouvent dans les PME et TPE, et que ces entreprises ont rarement recours à des offres d’emploi ou à des cabinets de recrutement. Il y a là un gisement dont on ne parle pas assez ! Et le meilleur moyen d’y trouver un job est de parler directement au dirigeant, de candidater spontanément, et d’utiliser son réseau.

Les réseaux comme Femmes de Bretagne soutiennent justement la création et le développement de ces petites entreprises…

Oui, c’est pourquoi nous l’avons soutenu lors du crowfunding. J’ai assisté à des tas de conférences autour du recrutement et des Ressources Humaines, et très souvent les débats concernaient les grandes entreprises, les cadres, l’informatique… Il y a un tas de métiers, de secteurs d’activités et donc de personnes qui sont délaissés par ces événements. Quant aux cabinets de recrutement, ils s’occupent beaucoup des commerciaux ou des développeurs informatiques… Mais l’emploi ne se trouve pas que là, on marche sur la tête ! »

De quoi auraient besoin les demandeurs d’emploi ?

De plus d’accompagnement et de considération. On parle des discriminations liées à la race ou au sexe, mais pas de celles qui concernent les chômeurs. Et pourtant, une grande partie des recruteurs aujourd’hui, si vous leur dites que vous êtes chômeur, ils pensent que vous n’êtes pas « bon » ! Comment s’en sortir alors ? C’est un terrible cercle vicieux. Le chômage est un des sujets les moins bien traités qui soit. Hier DoYouBuzz co-organisait le Forum RH à Nantes, et on a parlé de ces discriminations liées au chômage.

Avez-vous mis en place des actions concrètes s’adressant spécifiquement aux demandeurs d’emploi ?

Oui, à DoYouBuzz, en plus de notre service de création de CV, nous avons démarré des « ateliers CV ». Déjà, il faut consacrer les vingt premières minutes à redonner le moral aux gens ! On est dans un système où tout participe au pessimisme ! L’idée, c’est de se remotiver et d’apprendre à mieux se vendre. La tactique pour trouver du travail consiste à cibler ses recherches. Il ne faut pas répondre à des offres, mais s’intéresser à une entreprise et essayer de comprendre ses besoins, pour se positionner comme quelqu’un qui va apporter des solutions.
Pour vous donner un exemple, la moitié des candidatures que je reçois, de la part des gens qui postulent pour travailler chez DoYouBuzz, ne sont pas des CV DoYouBuzz ! C’est à dire que la moitié ne se sont pas vraiment intéressés à l’entreprise. Et ils ne réalisent pas l’importance de prêter intérêt à la personne qui les reçoit, à son activité.

Vous-même au cours de vos études, vous a-t-on inculqué ces notions ?

Non. Dans les écoles de commerce ou de communication, le fait de s’intéresser sincèrement aux problèmes de la personne qui est en face n’est pas enseigné. Moi-même, pendant 6 ans, en voulant développer commercialement mon entreprise, j’ai fait le « vendeur de tapis » avec ma belle plaquette et mon beau costume ! On apprend aux commerciaux à passer cent coups de fil pour avoir dix rendez-vous, et sur ces dix rendez-vous, faire une ou deux ventes. C’est une perte de temps ! Maintenant, à DoYouBuzz, on procède différemment, on n’essaye pas de se vendre à tout prix, on s’intéresse aux problèmes du client. C’est ça qui marche : l’empathie, la bienveillance, car elles créent naturellement du lien, dans la vraie vie comme dans le monde des affaires.

Qu’est-ce qui vous a fait évoluer dans ce sens, personnellement et pour l’entreprise ?

Il y a cinq ans, mon entreprise a commencé à avoir des difficultés, et est même passée pas loin du précipice. Cela m’a fait me remettre en question. J’ai lu le livre Liberté et Cie, de Brian M. Carney et Isaac Getz, sur l’entreprise libérée. Une révélation pour moi ! Je me suis aperçu que j’étais devenu un petit chef, pas de la pire espèce, mais un petit chef quand même… Le pouvoir agit de façon bizarre sur l’ego… J’avais quitté mon entreprise précédente car je lui reprochais d’être trop pyramidale, et en fait je commençais à reproduire les mêmes erreurs. J’ai compris qu’avec l’entreprise libérée, une autre posture est possible pour le manager. Il peut être un leader nourricier, un jardinier, qui arrose les plantes plutôt que de tirer sur les feuilles ! Et c’est beaucoup plus agréable !

Qu’est-ce qui change concrètement dans l’entreprise libérée ?

Dans l’entreprise libérée, tout est basée sur la confiance et non le contrôle. Il n’y a plus de hiérarchie. On discute tous ensemble, car un groupe se trompe moins qu’une personne. Personne ne peut vous obliger à faire quelque chose. Cela demande plus de subtilité que dans un système hiérarchique classique. Il faut être dans l’écoute et dans la transparence, communiquer avec ses collègues.

Economiquement, les résultats sont là ?

Oui, nous on a « sweetché » il y a 18 mois, avec des résultats très encourageants. On prend moins de mauvaises décisions, car tous ensemble on est plus intelligents ! C’est vraiment un grand enseignement pour moi.

Pour un chef d’entreprise, cela doit exiger une vraie transformation… Comment les salariés de l’entreprise ont vécu ce changement de leur côté ?

Cela a été un changement important pour toute l’équipe. Chacun est plus responsable, plus adulte. On est amenés à s’engager plus, on est plus motivés. Les actionnaires de l’entreprise, qui sont des chefs d’entreprise, sont plus sceptiques mais ils respectent notre mode d’organisation et notre culture. Dans le système traditionnel, le patron est la personne clé, et lui-même pense que s’il n’est pas là, tout part « en vrille ». C’est la pensée dominante dans l’économie. L’autre changement majeur, c’est de faire passer les besoins du client avant toute chose, y compris les objectifs de vente.

Vous êtes un des créateurs du Forum RH à Nantes, qui réunit des chefs d’entreprise et des professionnels de l’emploi. Dans les conférences que vous tenez, vous parlez de l’entreprise libérée ?

Oui, lors de ces forums (et aussi lors des petits déjeuners RH qui ont lieu chaque mois), on témoigne de notre propre expérience, et on y réfléchit sur les nouvelles pratiques managériales et organisationnelles. Pendant des années, j’ai assisté à des tas de conférences ayant pour thème : « Le logiciel x », « Comment recruter des talents », « Ma marque employeur est-ce qu’elle est bonne ? » Mais le sujet n’était jamais : « Comment être heureux au travail ? Comment bien travailler ensemble ? ». Les choses changent heureusement !

Parlons maintenant des nombreux événements autour du numérique que vous avez créés à Nantes. On peut parler d’une vraie success story !

Pour moi c’est une chance ! En 2008, un an après la création de ma boite, j’ai vu qu’il n’y avait pas d’événements dans le domaine du web et des start up. J’ai donc décidé d’en créé un, et cela a été un énorme succès. Plein de monde voulait parler startup et web. J’ai donc créé une association, avec deux copains, Atlantic 2.0, qui a maintenant six salariés, un budget annuel de 1 millions d’euros et qui rassemble un réseau de 270 entreprises. Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes à l’époque, nous a beaucoup soutenus. En 2010, nous avons créé la Cantine numérique de Nantes, un espace de co-working qui depuis a fait des petits ! On a ensuite monté le Web2Day, qui est maintenant le plus grand événement web en France, la dernière édition a rassemblé 6000 personnes en 3 jours.

Quelles sont vos envies pour les années à venir ?

J’ai de plus en plus d’engagements dans le domaine de l’entreprise libérée mais aussi de l’économie sociale et solidaire et de l’écologie. J’adore échanger, transmettre, et apprendre… Je veux continuer à le faire !

Sentez-vous autour de vous une vraie curiosité autour de ce thème de l’entreprise libérée, du bonheur au travail ?

Je suis débordé de demandes en ce sens ! Je suis très sollicité pour témoigner sur ces sujets. Les gens ont envie de changement et en ont marre de l’organisation hiérarchique des entreprises. Surtout les nouvelles générations ! Pour eux ça ne passe pas.

Quels conseils auriez-vous envie de donner à celles et ceux qui ont envie de créer leur entreprise ?

Quand on crée, aller le plus vite possible à la rencontre de ses clients. Et pour progresser, savoir se remettre en question. Je leur recommande aussi de se faire connaître via DoYouBuzz. J’ai moi-même remis à jour mon CV tout récemment et ça m’a permis de refaire le point sur mes contributions et mes aspirations ! Cela peut vraiment aider les indépendants à se faire connaître et à vendre leurs services. Sur notre blog il y a des exemples et des témoignages, à découvrir !