Céline Domino : « Je fais ce que j’aime »
Céline Domino est la créatrice de Princesse Model, à Rennes. Cette passionnée de costumes crée de A à Z des déguisements hauts de gamme, un créneau délaissé où elle a fait sa place, grâce à sa créativité et son sens de la communication. Les pieds sur terre et la tête dans les contes de fées.
Céline, quand et comment a commencé l’aventure Princesse Model ?
Je me suis mise à mon compte en avril 2006, à Rennes où j’habitais depuis quatre ans. Nous nous y étions installés, avec mon mari et ma fille alors âgée de quelques mois après avoir quitté Paris où je travaillais dans le marketing, pour la chaine de parfumerie Sephora. J’avais envie de m’épanouir, d’entreprendre. Je cherchais une idée… Je voulais aussi pouvoir m’occuper de mon bébé. J’aime travailler chez moi, seule.
Tu étais depuis longtemps attirée par la couture ?
Non, et je n’ai jamais pris de cours de couture ! Par contre, je suis très manuelle, et j’ai beaucoup vu ma mère coudre. Et mes études d’histoire de l’art m’ont sans doute inspirée pour dessiner et imaginer mes robes 18e, notamment un de mes cours : « architecture et le décor des grandes demeures »… Je me suis toujours intéressée à l’histoire du costume et de la mode ; j’aimais aller au musée Galliera, à Paris.
Qu’est-ce qui a été le déclic pour commencer à créer ?
C’est ma fille qui a tout déclenché ! Elle m’a dit un jour « Maman, je veux une robe de Blanche Neige ! », et je me suis lancée, je lui ai fait sa robe. Cela m’a beaucoup plu. Peu à peu, j’ai créé d’autres modèles, j’en ai parlé autour de moi. J’ai créé mon propre site internet…
Toute seule ?
Oui et je recommande à toutes celles qui le peuvent d’essayer de se former et de se lancer, c’est très instructif et enrichissant. J’ai continué dans ce sens, et en parallèle de mon activité j’ai développé pour d’autres personnes des sites très simples. Cela m’a permis de développer d’autres compétences.
Là encore, tu as une position d’autodidacte…
J’ai toujours eu une certaine curiosité pour l’outil informatique. C’est un plus. J’aime expérimenter, essayer. Au début ce n’est pas facile, puis quand on voit que l’on maîtrise, cela devient un jeu.
Ta présence sur internet t’a aidée pour le développement de ton activité ?
Oui et je me suis lancée à fond très rapidement. Je me suis dit que ce n’était pas parce que mon activité était naissante et encore incertaine que je ne devais pas faire « comme les grands ». J’ai visé haut ! J’ai toujours mesuré l’importance de bien communiquer. Je m’efforce toujours de le faire de façon positive.
Sur quels réseaux t’es-tu appuyée pour lancer ton activité ?
J’étais en recherche de réseautage mais je ne trouvais pas ce que je cherchais, alors j’ai moi-même monté un réseau de créatrices (Lescréatrices.fr), en 2008, puis un groupe Facebook. Nous étions au début une cinquantaine puis une centaine dans toute la France. J’ai été modératrice et cela n’a pas toujours été facile. J’ai dû devenir un peu « policière » ! Mais une fois de plus, en faisant, j’ai appris. J’aime l’idée de réseaux. Depuis, je travaille sur un nouveau projet, d’ailleurs je suis toujours en alerte sur internet.
Je crois que tu es très active sur le réseau Femmes de Bretagne ?
J’ai tout de suite vu le potentiel de ce réseau et aimé la ligne directrice que lui a donné Marie Eloy. L’entreprenariat au féminin. Le fait qu’il faut donner pour recevoir et que pour recevoir de l’aide, il faut en demander ! Et donner du temps, de l’écoute, c’est gratifiant, agréable.
Aurais-tu un conseil à donner aux adhérentes de Femmes de Bretagne ?
Oui, de profiter du site internet pour demander de l’aide. Et pour cela, il faut être claire dans la formulation de la question. Bien réfléchir à sa demande, et bien la formuler : tout doit être dans le titre ! Pour celles qui veulent travailler à domicile, d’essayer autant que possible d’établir des limites entre la vie « privée » et le travail, des limites dans le temps ou dans l’espace, à inventer !
Ta famille a-t-elle été un soutien à tes débuts ?
La décision de créer cette entreprise a été prise à deux. Mon mari, qui a la tête sur les épaules, m’a dit « vas-y, lance-toi », tout en m’encourageant à ne pas perdre de vue la rentabilité. Le fait qu’il soit comptable m’a bien sûr aidé, c’est une chance. Je travaille depuis le début avec le statut d’auto-entrepreneur, et cela me convient. En consacrant un peu de temps régulièrement à l’administration et avec un peu d’organisation, on y arrive !
Parlons maintenant de Princesse Model, quelle est ton actualité ?
Mon activité est très aléatoire, mais comme souvent en juin, j’ai eu énormément de travail, grâce à un événement qui commence à être assez reconnu : un bal pour enfants à Versailles ! J’organise aussi depuis cinq ans un concours de dessin qui me tient très à cœur (je réalise la robe dessinée par la gagnante du concours). En un mois, je reçois des centaines de dessins.
C’est tout une logistique un tel concours !
Oui, j’ai d’abord cherché des partenaires, qui peuvent être aussi membres du jury, et plus il y a de partenaires, plus il y a de cadeaux à distribuer ! Ainsi 90 petites filles ont été gagnantes cette année ! Je travaille avec de grandes marques, mais aussi des créatrices comme moi, certaines rencontrées sur Facebook. Cela demande beaucoup d’organisation et de temps mais en retour ce que je reçois est important pour moi. Certaines petites filles s’investissent beaucoup, je reçois des remerciements de maman qui me touchent vraiment, et il y a une relation de confiance qui s’instaure. Ce n’est pas que du marketing !
Tes créations se situent sur du « haut de gamme », c’est ton choix depuis le début ?
Oui, car je veux offrir de la qualité, de la cohérence, de la conception aux finitions. J’apporte du soin aux associations de couleurs, au choix des tissus, à la découpe, à toute la réalisation. En plus de la qualité des matériaux que j’utilise, ce travail artisanal et sur mesure demande du temps, alors bien sûr cela a un coût.
Quelle est la marque de ta machine à coudre ?
Bernina, une marque suisse, pas la plus connue. Pas pro mais familiale, avec toutes les options qui font la différence !
Penses-tu un jour créer aussi pour la gent masculine ?
C’est l’univers des petites filles qui m’inspire depuis le début, qui exalte mon imagination. C’est ma sensibilité et c’est devenu ma marque de fabrique. Pour l’instant je ne me vois pas changer.
Je te laisse le mot de la fin.
En huit ans j’ai fait beaucoup de chemin et aussi plein de belles rencontres. Je fais ce que j’aime. Aujourd’hui j’ai plein d’idées qui mûrissent, et en projet une collection un peu différente, mais pour l’instant, c’est secret !
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