Ludivine Lemarié aime transmettre autour d’elle la confiance qu’elle a en la vie. Elle nous raconte comment elle a fait de ce talent son métier.
Peux-tu nous présenter ton activité ?
Je fais du coaching, mais j’ai arrêté d’utiliser ce terme, car il est trop vague et un peu galvaudé. Je suis experte en management bienveillant et leadership authentique ; j’accompagne les entrepreneures, les managers et les élues à booster leur confiance, à augmenter leurs performances, pour une carrière pleine de sens. Je les aide à établir un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. J’ai démarré cette activité il y a neuf mois. Au départ, je me suis plutôt orientée vers le coaching individuel, mais maintenant je fais aussi des ateliers, des conférences et des formations en entreprise. J’adore l’émulation qui se crée dans un groupe. Et j’aime qu’il y ait de l’interactivité, des échanges, c’est extrêmement enrichissant, pour les participantes et pour moi ! C’est ce qui est formidable dans ce métier, je reçois énormément. J’adore travailler avec les femmes qui ont envie de réussir, qui ont le souhait d’ « apporter leur pierre à l’édifice », quel que soit leur statut : qu’elles soient déjà chef d’entreprise ou qu’elles aient un projet.
Comment as-tu choisi cette voie ?
J’ai travaillé pendant dix ans comme cadre commerciale, dans le monde de l’investissement immobilier et de la défiscalisation. J’étais manager de réseaux et j’animais des équipes de conseillers en gestion de patrimoine, pour la plupart des hommes. J’aimais beaucoup mon travail, mais peu à peu, l’envie m’est venue de donner vraiment plus de sens, de valeur à ma carrière en créant ma propre activité. Alors je me suis lancée en solo après avoir négocié une rupture conventionnelle. Mon envie était depuis longtemps d’aider les femmes à avoir confiance en elles, à être plus ambitieuses, car c’est vraiment le moteur de la réussite. Ce manque de confiance en soi nous concerne presque toutes et tous à certains moments de notre carrière et de notre vie ! Et puis on est dans une société où il faut toujours être le meilleur, et on peut finir par se perdre…
On parle de plus en plus de la souffrance au travail…
Oui, mais quelquefois c’est un sujet tabou. Je vois beaucoup cela chez les cadres, une souffrance inavouée, en silence. Leur position fait qu’ils ne doivent pas se plaindre. Et pourtant il ne faut pas attendre pour agir, en parler. Je suis très touchée par le bien-être en entreprise. Les nouveaux entrepreneurs, les trentenaires y accordent beaucoup d’importance. Ils ont compris que si leurs salariés sont heureux, leur entreprise sera plus performante.
En quoi les hommes et les femmes sont différents dans le monde de l’entreprise ?
Les hommes se posent souvent moins de questions que les femmes, et ils foncent… En général ils ont plus confiance en eux que les femmes. Elles ont tendance à surinvestir leur job, au détriment de leur vie personnelle. Les femmes sont souvent freinées par leur perfectionnisme. On devrait s’inspirer, nous les femmes, de la facilité des hommes à être dans l’action, et eux auraient intérêt à s’ouvrir d’avantage à leur intuition, leurs ressentis, à l’affectif. De plus en plus d’hommes me contactent parce qu’ils ont envie d’apprendre de nous, de laisser parler leur sensibilité. On est très complémentaires !
Manager des équipes d’hommes, c’était comment ?
J’ai adoré travailler avec les hommes, et je pense que j’ai beaucoup appris à ce poste de manager, mais c’est sûr que j’ai dû faire ma place ! J’ai réussi à me faire respecter, tout en créant un climat de travail agréable pour moi et mes collègues. C’est une des choses dont je suis fière et cela m’a vraiment donné confiance en moi. J’ai depuis toujours un caractère très sociable, j’aime les rencontres et je suis curieuse de l’être humain. Pour moi, les qualités humaines et relationnelles ainsi qu’un état d’esprit positif sont primordiales pour réussir aujourd’hui en entreprise.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi quand tu as quitté cette entreprise pour créer la tienne ?
Apprivoiser la solitude. En plus, c’est aussi à cette période que j’ai divorcé. Une semaine sur deux avec mon petit garçon, ça n’a pas été simple pour moi. J’ai eu longtemps une peur bleue de la solitude. Je ne pouvais pas être seule. J’ai fait beaucoup de chemin depuis ! J’ai appris à aimer les moments de solitude. Sans cela, on ne peut pas vraiment partir à la rencontre de soi-même. Quand on connaît ses axes de progrès – je n’aime pas parler de faiblesses -, quand on se connaît, cela permet d’ajuster les choses sans se renier. Bien se connaitre, cela devrait s’apprendre à l’école : mais trop souvent, on fonce tête baissée, et il faut parfois un déclic pour une prise de conscience.
Cela a été ton cas ?
Oui. Après mes études, j’ai travaillé dans le domaine du tourisme, et je me suis énormément investie dans mon activité de commerciale. Je n’étais pas heureuse, je subissais mon propre perfectionnisme, que je m’imposais. C’est comme s’il fallait que je sois toujours à la hauteur des attentes des autres, de ma famille ou de mon entourage.
J’ai pris conscience de tout ça à 26 ans, après le suicide de mon papa. Cela a été un énorme choc pour moi. Je me suis rendue compte que j’avais tout fait pour être la jeune femme idéale qu’il voulait que je sois. J’ai remis en question beaucoup de choses, et je me suis mise à réfléchir vraiment sur le sens de la vie. Je me suis dit : « C’est moi qui vais créer la vie dont j’ai envie ». Je pense vraiment que dans la vie, il faut prendre ses responsabilités, et arrêter de se cacher derrière les « c’est la faute de… ». J’ai réalisé qu’il fallait d’abord que je réponde à mes propres besoins. Et on a besoin d’un retour à soi, à l’essentiel, pour trouver un équilibre. Dans ce « point de rupture », un livre m’a beaucoup aidé : c’est le livre de Guy Corneau Victime des autres et bourreau de soi-même. Tout un programme ! Maintenant, je suis apaisée par rapport à mon histoire. Cela m’a pris dix ans, mais j’ai pardonné à mon papa, et je le remercie pour le chemin que j’ai pu faire grâce à lui…
Qu’est-ce qui t’as guidée et te guide dans la vie Ludivine ?
Je me suis toujours passionnée pour ce qu’on appelle maintenant « le développement personnel ». J’ai toujours cherché à m’améliorer, à me sentir mieux, à dépasser mes peurs… Aujourd’hui, je ne suis attachée à aucune personnalité ou courant de pensée particulier. Ce que j’aime, c’est faire mon propre chemin. Apprendre de mes lectures bien sûr, mais surtout des rencontres et des expériences que m’offre la vie. Mon crédo c’est : il faut se réapproprier son pouvoir personnel. Mon but est toujours d’aider les gens à devenir autonome, à mobiliser les ressources qu’ils ont en eux pour évoluer et être heureux. C’est vraiment comme ça que je vois le coaching. Et je n’aime pas me limiter dans ce que je peux apporter aux autres. Je suis très attachée à ma liberté.
Tu as grandi près de Nantes je crois, et tu y travailles maintenant, tu es une vraie nantaise !
Oui ! Je suis venue à Nantes dès le lycée en pension, et c’était mon choix ! J’aime beaucoup cette ville, très dynamique, pleine d’espaces verts, elle est très agréable à vivre.
En plus de la création de ton activité de coaching, tu as lancé Femmes de Bretagne dans cette ville. Parle-nous de cette aventure !
Oui, cela s’est fait suite à ma rencontre avec Marie Eloy. Je me suis sentie immédiatement « sur la même longueur d’ondes » qu’elle, et vraiment en harmonie avec les valeurs de ce réseau. Alors j’ai accepté avec joie de devenir coordinatrice en Loire-Atlantique. C’est beaucoup de travail, surtout dans une grande ville comme Nantes, mais c’est gratifiant. Cela m’a permis de rencontrer plein de femmes géniales, et j’ai pu être confortée dans mon idée de départ et mon envie de les accompagner, en comprenant de façon précise les besoins des cheffes d’entreprise ou porteuses de projet. Tout ce que j’avais « dans la tête » s’est vérifié et conceptualisé.
Que lis-tu en ce moment ?
J’adore lire. En ce moment, c’est Frédéric Lenoir. J’aime sa façon de parler de la joie et du bonheur au travail. Je suis quelqu’un de très joyeux, mais j’ai failli moi aussi perdre cette joie de vivre… Quand je surinvestissais mon travail, comme une fuite… La joie, c’est le meilleur des baromètres. Il faut se laisser guider par elle. C’est vraiment important de choisir le métier qui nous plaît vraiment, qui nous apporte de la joie. Quand je parle de ce que je fais, de mon métier, je suis joyeuse, car c’est quelque chose qui me fait vibrer. Et quand on décide de changer, on rayonne une autre énergie, qui attire à soi des gens qui sont dans la joie eux aussi ! En France, c’est comme si c’était normal de subir. Il faut vraiment adopter un état d’être différent, confiant, positif !
Où puises-tu ton énergie ?
Dans la danse, que je pratique depuis toute petite. C’est ma thérapie. Du latino au modern jazz en passant par le fitness. Chacun a quelque chose qui lui fait du bien, il faut juste trouver quoi. Il faut s’accorder du temps absolument. Si tu es vide, tu ne peux rien donner.
En plus de ton engagement dans les réseaux comme Femmes de Bretagne, comment te fais-tu connaître ?
Depuis le début, j’utilise beaucoup les réseaux sociaux et notamment facebook, et je fais de petites vidéos. Je me suis lancée il y a quelques mois, ça me fait sortir de ma « zone de confort » et j’aime bien ça. Je trouve qu’une vidéo est plus percutante qu’un écrit. Et il y a des beaux retours à chaque fois. Et j’aurais d’ici peu un beau site internet, flambant neuf : ludivinelemarie.com
Pour finir Ludivine, un rêve ?
On est tous uniques, que l’on arrête de se comparer ! Mon rêve serait qu’on s’en rende compte dès le plus jeune âge. Qu’on ne mette plus les enfants en compétition ! Quand j’étais enceinte de mon fils, qui a sept ans maintenant, je me suis intéressée à l’éducation bienveillante. C’est ce que je souhaite pour tous les enfants, pour l’avenir, qu’ils comprennent qu’ils sont uniques et talentueux. Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, donc s’ils apprennent à travailler main dans la main dans le respect et la reconnaissance de leurs talents respectifs, notre monde évoluera vraiment !
Photos : Sylvie Cordenner, Couteau Suisse Production
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