Julia Bosque, créatrice et gérante du bar-cave à bières Le Repaire à Combourg : « Suivez votre instinct, c’est très important »

À Combourg, (35), c’est dans un hangar que Julia Bosque, 25 ans, a choisi d’installer le bar-cave à bières dont elle rêvait. Et le succès est au rendez-vous. Au gré de ses envies et des demandes de ses clients, elle propose maintenant soirées à thèmes, dégustations, concerts, speed dating…

Bonjour Julia, peux-tu nous résumer ton parcours professionnel avant le Repaire ?

J’ai fait une licence de commerce à Rennes. L’entreprise où j’effectuais mon stage de fin d’études (ça s’était très bien passé), m’a embauchée, en tant que responsable commerciale Grands Comptes pour la Bretagne. C’est une entreprise (Sofemat) qui vend des machines pour travaux publics. J’y suis restée 1 an et demi, puis j’ai obtenu un poste de directrice de magasins pour Lidl. J’ai travaillé à Avranches, Redon, Alençon, Vire, Saint-Méen-le-Grand… puis je suis arrivée à Combourg, où je suis restée neuf mois.

C’était comment chez Lidl ?

Dur mais très formateur, puisque j’ai appris à gérer un magasin, à faire le recrutement, les commandes, les mises en rayon…  On doit tout faire quand on travaille chez Lidl.  Les employés travaillent comme des fous. Mais ce qui était vraiment difficile pour moi, c’était d’appliquer des procédures même si je ne les comprenais pas ou si je n’étais pas d’accord. C’était très frustrant !

C’est pour ça que tu as quitté ce poste ?

Oui, après un an et demi, je me suis rendue compte que j’étais capable de faire beaucoup pour les autres, et que ça serait vraiment bien de faire la même chose, mais pour moi ! J’ai toujours voulu faire « mon truc à moi », je ne savais pas dans quel domaine, mais j’avais cette envie depuis très longtemps. L’idée du bar à bières m’est venue pendant cette période où je travaillais à Combourg. Quand je voulais sortir, à deux ou avec les gens de mon équipe le soir après le travail, il n’y avait plus d’endroits sympas à Combourg. On allait à Rennes ou Saint-Malo. Dommage, car Combourg n’est pas une toute petite ville, et en plus il y a plein de jeunes !

Le Repaire est un endroit assez atypique, puisque c’est une cave et un bar à bières, installé dans un grand hangar, un peu à l’écart du centre ville. C’était ce concept que tu voulais dès le début ?

Oui, je ne cherchais pas un bar ou un pub en plein centre-ville, mais un lieu un peu à l’écart, de façon à être plus libre. Comme ça mes clients peuvent profiter de l’extérieur et de la terrasse, le soir ou quand il fait beau, et on peut organiser des concerts sans que ça pose de problèmes pour les riverains. Les camions des livreurs se garent facilement… Je voulais proposer un grand choix de bières différentes, à la vente ou à la consommation. Il me fallait de l’espace, alors ici c’est parfait !

Comment as-tu monté ton projet ?

Bon, après avoir quitté mon précédent boulot, chez Lidl, j’ai d’abord eu une petite phase de déprime, environ trois mois, où j’ai pas mal cogité sur ce que j’allais faire… Puis j’ai pris rendez-vous avec Pôle Emploi et avec l’Espace Entreprises, et on m’a orientée vers la BGE, qui m’a bien aidée, notamment pour monter le plan de financement. Avec ça j’ai pu obtenir mon prêt à la banque. J’ai mis un an pour bien ficeler mon projet, c’était important, j’ai pris le temps de bien faire les choses. Mon projet a juste pris quelques mois de retard parce que je me suis désistée, au dernier moment, sur un local que j’avais trouvé près de la Gare. Tout était bouclé, j’avais le prêt de la banque, les plans, et le bail prêt à signer… Une nuit je me suis dit « Stop, ce n’est pas le bon lieu, on arrête tout ! » Et j’ai bien fait, car 2 jours après je trouvais pile l’endroit qu’il me fallait… Une petite annonce sur le Bon Coin qui venait d’être publiée. Le prix était beaucoup plus élevé que pour le premier local, mais la banque m’a suivie car c’était vraiment ça que je voulais. Le soir même je signais ce nouveau bail.

Le Repaire va bientôt fêter ses 1 an… Qui sont tes clients ?

J’ai toutes sortes de clients, tous les âges, des hommes et des femmes. Selon les jours, ça varie. Les gens viennent seuls, entre amis, collègues ou en famille. Il y a des artisans, des gens des entreprises du coin. Il y aussi des gens qui ne viennent que pour le magasin. Ils achètent les bières à l’unité ou en fûts, de 20 et 30 litres, et je prête une tireuse pour les mariages, les associations, les festivals… Je fais aussi des tarifs pour les associations.

Qu’est-ce que les gens te disent à propos du Repaire ?

Ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand les gens me disent qu’ils se sentent bien ici, un peu comme à la maison… J’ai des groupes d’amis qui ont 40, 50 ans et qui s’éclatent en jouant au babyfoot ou aux fléchettes, ils viennent ici se détendre. C’est exactement ce que je voulais, que ce soit simple, décontracté, que ce soit un lieu de rencontres entre les gens aussi.

Tu m’as dit que ce que tu aimais entendre au comptoir, c’est « qu’est-ce que vous me conseillez aujourd’hui ? », plutôt que « un demi » !

Oui, c’est bien que les gens soient curieux de goûter de nouvelles bières qu’ils ne connaissent pas, il en existe des centaines… Les gens ne viennent pas là juste pour « picoler une bière ». Au comptoir, j’ai maintenant 8 becs de tirage, pour servir 8 bières différentes à la pression, et je change toutes les 2 semaines. On découvre les nouveautés ensemble. Toutes ont leur saveur ou leur mode de fabrication particulier. Mon but, c’est de trouver « la » bière que va aimer le client. Pour ça il faut poser les bonnes  questions… « Bière blonde » : amère ou forte ? Fleurie, épicée ? Au bar, les bières sont présentées par catégorie : blondes, brunes, ambrées, amères, fruitées… Après il y a des sous-catégories, des bières maltées, sucrées, herbacées… J’ai une bière qui a été brassée à la lavande par exemple. Il y a des bières qui ont vieilli dans un fût de bourbon, des bières avec de fortes notes de café… J’ai aussi des bières sans alcool. Et si quelqu’un me dit « je n’aime pas la bière, vous avez quoi d’autre ? », j’essaye de lui faire goûter une bière qui va le faire changer d’avis !

Proposer des nouveautés régulièrement, c’est ça le secret de la réussite ?

Oui, c’est ça qui me motive : innover. Changer le style de musique, la disposition de la salle, les soirées à thème… Et d’ailleurs j’entends souvent ça aussi : « ce qui est bien ici, c’est que ça change tout le temps ! » Audrey, qui travaille maintenant avec moi, et avec qui ça se passe très bien, a aussi plein d’idées. De mise en place de magasin, de promos, d’animation, etc.

Vous êtes deux depuis le début ?

Oui, dès le début j’ai embauché quelqu’un, à temps plein, en CDD puis en CDI. Il y a beaucoup de travail avec le stock du magasin à ranger, à gérer, et le bar à tenir. Et c’est physique !

Tu proposes aussi des soirées dégustation ?

Oui, c’est une fois par semaine maintenant, sur réservation, à 20 euros par personne. On ferme au public à 20 h 30, et ça commence tout de suite après. Je fais une grande table, et je propose entre 5 et 7 bières totalement différentes, une bouteille pour deux (du 25 ou 33 cl). Je mets plein de pâté et de saucisson à grignoter. Le plaisir, c’est de deviner le type de bière et de mettre des mots dessus. Tout le monde discute autour d’une table, cela peut finir à 23 h comme à midi et demi.

Tu as organisé des concerts aussi et des soirées à thèmes…

Oui, on a déjà eu deux concerts de reggae, et quatre concerts de rock, avec des groupes locaux, sauf un qui venait du Mans. Et j’ai plein de demandes maintenant.

 

 

Et les speed dating…

J’ai fait une soirée Speed dating, pour la Saint-Valentin.  J’avais eu pas mal de demandes pour ça. Avec 10 hommes et 10 femmes. On a fermé au public à 20 h 30, puis on a présenté tout le monde et on a expliqué le déroulement de la soirée. On avait préparé des petites décorations de table, et offert un verre à tout le monde. À la fin tout le monde a bu un pot, on a terminé tard, c’était très sympa. Et ce qui est super, c’est que les gens qui ont participé ont bien sympathisé ! Ils se sont d’ailleurs réunis de nouveau ici. Et il y a un couple qui s’est formé. On va en refaire, c’est prévu !

C’est vraiment une bonne idée pour sortir les gens de l’isolement ça… Bon, ici au Repaire, il y a à peu près 150 m2 qui est dédié au bar et à la consommation, avec de grandes tables en bois, style taverne, un coin fléchettes, baby foot et billard… et le reste, au fond, c’est le magasin. Les deux sont à peine séparés, on est en mode « open space »…

Oui, c’est très pratique, mon magasin c’est aussi ma réserve pour le bar. Au début, les livreurs étaient étonnés en arrivant ici… Quand j’ai besoin d’une bière, je n’ai qu’à faire quelques mètres. Entre deux clients, je gère facilement mon stock. Et comme ça mes horaires de travail correspondent aux horaires d’ouverture du Repaire.

Dans ton idée d’origine, l’aspect vente à emporter, « cave à bières », devait être dominante par rapport au bar, c’est ça ?

Oui. Et en fait maintenant, c’est 50/50. J’ai été surprise par le succès du bar, et d’avoir autant de monde le week-end. Ça correspondait vraiment à un besoin…

Tu n’as jamais eu de problèmes avec des clients un peu trop éméchés ?

C’est rare. Je ne me suis jamais sentie seule. Et on est dans une petite ville tranquille, il y a rarement des soucis.

Les amateurs de sport sont chouchoutés ici, il y a un petit et un grand écran…

Oui, il y a une télé, où on peut passer aussi bien du foot, que du ski ou du rugby… et pour les soirs de grands matchs, un grand écran avec vidéoprojecteur. Je communique beaucoup avec mes clients via facebook. Ils me signalent directement sur ma page, quand il y a un match qu’ils aimeraient voir ! Je suis aussi sponsor, à l’année, des clubs de Combourg : le club de rugby, de foot, de volley, de hand, de basket, et de moto cross. Et le stock car ! Tous, quand ils viennent ici, sont accueillis comme des rois !

On voit que tu es à l’aise pour animer ce lieu, et que tu aimes ce que tu fais.

J’ai toujours eu plein d’idées et dans les postes que j’ai eus on m’a toujours freinée, alors là je m’éclate !

Et bientôt une journée « ActuElles », organisée avec le réseau Femmes de Bretagne, le 12 mars

Oui, le 12 mars, le Repaire accueillera un événement spécial pour les femmes, organisé par Agnès Bérenguer et Delphine Guglielmini. Une première ici pour les femmes ! Le but est de les mettre en avant, de susciter des rencontres, de faire connaître les commerçantes, artisanes, indépendantes de Combourg ou ses environs. Il y aura deux défilés de mode, des stands, des mini-conférences, et bien sûr de quoi boire et manger !

Pour finir, quel conseil aimerais-tu donner aux Femmes de Bretagne ?

De suivre leur instinct, c’est très important. J’aurais pu me laisser décourager si j’avais écouté certains conseils. Beaucoup de gens me mettaient en garde (souvent des hommes !) Mon comptable, mon maître d’œuvre étaient plutôt pessimistes. Mais moi je croyais à mon projet, d’autant plus que je l’avais bien préparé.

Christine Debray-Laizé, créatrice de la compagnie La Ronde Bleue : « L’amour gagne toujours »

Christine Debray-Laizé, violoniste, chanteuse et comédienne, met en scène, avec son mari conteur et percussionniste, des contes musicaux pour enfants. Cette artiste généreuse et passionnée de transmission aborde avec eux le thème de la mort, dans sa dernière création, La Sonata Miho. Pour mieux célébrer la paix et à la vie.

Bonjour Christine, sur le site internet de la Ronde Bleue, on peut lire : « Parce qu’ils sont le monde de demain, parce que nous croyons que l’art peut transformer un regard, parce que nous aimons l’authenticité de leur présence, nous avons choisi de créer pour et avec les enfants. » C’est un peu le credo de la compagnie ?

J’ai beaucoup de plaisir à créer des spectacles pour enfants et à leur transmettre l’amour de la musique. Les enfants ont beaucoup à nous apprendre, ils savent être là, totalement, dans l’instant présent, et ils sont vrais. Avec La Ronde Bleue, j’essaye de réunir ce qui compte beaucoup pour moi : la musique, l’art, le partage, l’enfance, la transmission.

Les spectacles de la Ronde Bleue sont de grande qualité. Tu peux nous les présenter en quelques mots ?

Les spectacles de La Ronde Bleue se veulent une ouverture sur le monde, riches de sens. Nous faisons voyager les enfants, grâce à la musique et les contes, à travers d’autres cultures, d’autres pays. Par exemple, avec Zouna qui est un spectacle inspiré d’un conte gitan, nous avons travaillé avec un chanteur et guitariste flamenco. La danse du Renne et du Korrigan est né de notre rencontre avec une éleveuse de rennes et la culture Sami (de Laponie). La Sonata Miho, elle, nous emmènera au Japon…

Tu fais aussi de l’initiation musicale, au travers d’ateliers ou de spectacles, y compris pour les tout-petits…

Oui, comme avec le spectacle Capucine, pour les 0 à 3 ans, ou Souffle et grandit, pour les 3 à 6 ans, qui est une initiation à la musique classique. Pour Capucine, je me suis basée sur les enseignements de Maria Montessori, qui est pour moi depuis longtemps une référence. Sa pédagogie m’a toujours beaucoup inspirée pour l’enseignement de la musique.

Tu es diplômée du Conservatoire National Supérieur de Paris, où tu as appris le violon alto. Tu viens d’une famille de musiciens ?

De musiciens amateurs mais passionnés ! Ce sont mes parents qui m’ont initiée à la musique. A la maison (j’habitais Au Mans), mon père jouait de la guitare et ma mère chantait tout le temps. Et avec ma grand-mère agricultrice, en Bretagne, je chantais dans les fêtes de famille. Ce sont de très bons souvenirs. J’ai grandi dans une famille joyeuse, ouverte aux autres.

Ta prochaine création s’appelle La Sonata Miho. Elle est inspirée d’une histoire vraie… 

Oui, elle est basée sur l’histoire vraie de Sasaki Sadako (surnommée « Miho » dans le spectacle, « celle qui chante »), une enfant japonaise de 12 ans, atteinte de leucémie suite au bombardement d’Hiroshima. Dans la tradition de l’origami, cet art du pliage au Japon, il y a la grue, qui est un bel oiseau.  Une légende dit que si l’on plie 1000 grues, le vœu que l’on fait peut se réaliser. Sadado a plié 644 grues, comme autant de petites prières pour sa guérison et la paix dans le monde. Elle n’a pas survécu à sa maladie, mais ses camarades de classe ont continué pour elle, et collecté de l’argent pour construire un mémorial à la paix. Depuis, chaque année, dans le monde entier, des grues sont envoyées à ce mémorial, où elles forment de belles guirlandes colorées. Le message de cette histoire, qui s’adresse aux enfants mais touche aussi leurs parents est : « vous pouvez être des acteurs de paix » !

C’est ce message que tu veux transmettre à ton tour, en créant La Sonata Miho ?

Oui, c’est un message d’espoir, dont on a grand besoin actuellement. Quand j’ai découvert l’histoire de Sadako, et cet élan qui s’est créé autour d’elle, j’ai été très touchée. Le thème de la mort y est présent, mais il est transcendé par cette légende des 1000 grues, et par l’élan très fort venu de cette petite fille et de tous ses camarades. Ces petits Japonais ont réussi à lancé un appel à la paix qui a fait le tour du monde, et qui continue aujourd’hui à transformer les gens. Les enfants se passionnent pour cette histoire.

La mort et particulièrement la mort d’un enfant est un sujet tabou dans notre société, rarement abordé car il est douloureux et qu’il fait peur…

Oui, mais j’ai eu vraiment besoin d’aborder ce sujet. L’année dernière, mon fils qui avait 4 ans a pris conscience de la mort. Il nous posait beaucoup de questions comme « Pourquoi on meurt ? » « Maman, est-ce que tu vas mourir un jour ? » Il a été comme ça pendant des semaines. J’essayais de calmer ses angoisses ; au début pour ne pas le heurter, je lui ai dit que je mourrai quand je serai vieille. Ce n’est que quand on lui a dit la vérité : « Oui, je vais mourir un jour, et je ne sais pas quand, et c’est pareil pour nous tous », qu’il s’est apaisé. Je pense vraiment que les enfants ne sont pas dupes, ils pressentent beaucoup de choses et savent bien au fond d’eux-mêmes quand on leur ment. En parlant de cela avec d’autres parents, je me suis rendue compte que beaucoup cachaient la vérité à leurs enfants, qu’ils avaient peur d’en parler. Ensuite sont arrivés les attentats…

Comment ont réagi tes enfants face à cette violence ?

A la maison nous n’avons pas la télé, mais les enfants en parlaient entre eux à la récréation. Mon fils, comme beaucoup d’autres enfants, est revenu le soir de l’école avec des questions comme : « pourquoi le monsieur il s’est fait exploser ? » Et après, il y a eu les exercices de confinement dans les écoles, qui ont suscité d’autres  interrogations… La violence fait partie de ce monde, mais avec les médias, internet ou en entendant les conversations des adultes, ils sont vraiment bousculés par elle.

En mettant en scène La Sonata Miho, tu invites les enfants « à regarder le monde tel qu’il est, mais en leur montrant qu’ils ont en eux le pouvoir de le transformer ». Pour cela La Sonata Miho est plus qu’un spectacle !

Oui, c’est un vrai projet de territoire qui va durer plusieurs années et qui lie le social, l’artistique et le pédagogique. La Sonata Miho est déclinée sous une forme courte (La Sonatine), qui ira dans les écoles, les médiathèques, les salles de spectacle, mais aussi les hôpitaux, les instituts spécialisés… Elle donne lieu à des ateliers d’écriture, où les enfants peuvent écrire à la petite Miho, leur peur, leur colère, toutes leurs émotions. Ce qu’il faut c’est qu’ils ne gardent pas ça au fond d’eux. Il y a aussi des ateliers de découverte de la culture japonaise : l’origami, les percussions japonaises, la danse Buto, etc. Pour accompagner le montage de ce projet, la Ronde Bleue bénéficie de l’accompagnement d’une experte du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine, depuis plusieurs mois. L’aventure vient de commencer, en pays de Brocéliande. A Iffendic par exemple, le projet réunit la médiathèque, la mairie, le centre culturel, les deux écoles, le foyer de vie et la maison de retraite. C’est une occasion rêvée de construire la paix à l’échelle d’une ville ! Ce projet vise aussi à créer du lien entre voisins, parents et enfants…

Comment ont réagi les professeurs de l’école d’Iffendic où a démarré le projet ?

Les équipes enseignantes sont épatantes, et les enfants avaient plein de choses à exprimer et de nouvelles idées. Cela a été magique de voir le projet démarrer et prendre forme, et les gens touchés…

Peux-tu nous parler un peu de la scénographie de La Sonata Miho ?

Le spectacle mêle les instruments japonais, – la flûte traditionnelle et des percussions comme le Taiko -, et Jean-Sébastien Bach. C’est un pont entre l’Orient et l’Occident. J’ai le plaisir de jouer La Chaconne, cette œuvre que j’adore et qui mêle si bien tristesse et joie. Le décor met en scène les origamis fabriqués par les enfants, des animations évoquant le voyage des grues dans le monde intérieur de la petite fille. Une création sonore fait entendre les voix des enfants, lisant les lettres qu’ils ont écrites à Miho…

Comment la disparition de Sadako est-elle évoquée ?

Miho était shintoïste, elle croyait aux esprits de la nature. Dans le spectacle, elle se fond peu à peu dans la nature, en déchirant un fil de soie, qui est comme une porte entre le monde de la vie et de la mort. Derrière la porte, il y la nature, le jardin, qui ouvre sur plein de possibles. Et puis, malgré sa mort, on voit que Sadako est encore vivante à travers nous, à travers le récit qu’on en fait, et le message qu’elle a laissé. De même que la musique de Bach écrite il y a longtemps est toujours bien vivante aujourd’hui.

Tu aimes les voyages et tu es passionnée par le Japon depuis longtemps je crois ?

J’ai eu la chance de voyager lorsque j’étais altiste. Au Japon, j’ai même eu l’honneur de saluer l’empereur ! La culture japonaise m’a toujours attiré. Le tir à l’arc, l’aïkido, la philosophie et la spiritualité orientale… cela m’a toujours accompagnée.

Les premiers spectacles de la Ronde Bleue ont été montés sans subventions…

C’est vrai, tous nos spectacles ont été montés jusqu’ici en auto-production, toujours avec l’idée de faire confiance à la vie, de suivre les « chemins de traverse ». On a  trouvé un appui auprès des bibliothèques, des écoles, des petits centres culturels, et rencontré des gens supers qui croient en l’art et en la beauté. Il y a toujours plein de belles choses et de rencontres qui arrivent quand on fait confiance. Mais là, on s’est embarqué dans une grande aventure, qui va durer plusieurs années. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une équipe formidable avec La Ronde Bleue, regroupant artistes et bénévoles.

Chacun peut donc être co-créateur avec le financement participatif que vous avez  lancé sur HelloAsso…

Oui, ce qui est bien c’est que le fait d’avoir besoin de trouver de l’argent fait parler du projet. Les gens se sentent un peu plus partie prenante, et on les informe au fur et à mesure de l’avancée du projet, par mail et sur notre page facebook. Nous cherchons actuellement des entreprises ou des personnalités qui ont envie de devenir mécènes. Chacun peut s’impliquer avec le crowdfunding, en participant même avec un petit don. On a besoin de partenaires, mais aussi de l’implication des parents, des éducateurs, des élus. Et de tous ceux qui ont envie d’être acteurs de paix.

Vous avez aussi une nouvelle marraine, Magda Hollander Lafon (Rennaise d’origine hongroise, psychologue pour enfants, elle est l’auteure du livre « Quatre petits bouts de pain », où elle parle de sa résilience après sa déportation et la disparition de toute sa famille.)

Je suis très heureuse que Magda Hollander Lafon soit maintenant marraine de La Sonata Miho. C’est important qu’elle soit là à nos côtés… J’ai découvert son témoignage en 2015, quand avec son association « Vivre en paix ensemble », elle a invité les gens à écrire leur « petits bonheurs » place de la Mairie à Rennes. C’est ce qu’elle a fait toute sa vie, pour survivre, regarder ce qu’il y a de beau dans chaque journée. Surtout les “petits riens”.

Comment a-t-elle accueilli ce projet ?

Avec l’enthousiasme mais aussi l’exigence qui la caractérise, elle a compris notre démarche. Avec elle, nous avons parlé de la meilleure façon d’être toujours au service des enfants. Face à une histoire ils réagissent quelquefois comme si cela leur arrivait à eux aussi, ils n’ont pas toujours de distanciation, alors il ne faut pas faire n’importe quoi. La Sonata Miho montre que l’on peut  transformer la noirceur en quelque chose de beau et poétique. Cela change tout ! Ils ne sont pas seuls face à des vérités qui les heurtent et qu’ils ne comprennent pas, comme c’est le cas trop souvent pour eux.  Il faut parler vrai aux enfants, être authentique, et les écouter. Quand Magda Hollander-Lafon va voir les collégiens et les lycéens, elle les invite à oser poser des questions, à se rendre compte qu’ils sont importants, à être acteurs de leur vie. Je trouve cela magnifique.

Pour t’aider concrètement ?

– Devenir coproducteur en se rendant un site de crowdfunding « HelloAsso » (don à partir de 5 euros), puis partager le lien sur les réseaux sociaux
– Liker notre page facebook « La Sonata Miho » et partager nos publications pour faire connaître le projet à vos amis.
– Partager avec vos amis les emails envoyés aux donateurs, pour favoriser la recherche de mécènes et la diffusion du message.
– Participer à nos prochains ateliers de danse Buto, avec un maître japonais, (inscription sur le site ou la page facebook)
– Assister aux spectacles qui auront lieu à partir de 2017 et jusqu’en 2020 en Bretagne.
Ne pas hésiter à nous contacter !
Pour retrouver la campagne de crowdfunding : le lien vers helloasso.com
Pour découvrir la Ronde Bleue et le travail de Christine : larondebleue.fr

Ludivine Lemarié, experte en leadership au féminin : « La joie est mon baromètre »

Ludivine Lemarié aime transmettre autour d’elle la confiance qu’elle a en la vie. Elle nous raconte comment elle a fait de ce talent son métier.

Peux-tu nous présenter ton activité ?

Je fais du coaching, mais j’ai arrêté d’utiliser ce terme, car il est trop vague et un peu galvaudé. Je suis experte en management bienveillant et leadership authentique ; j’accompagne les entrepreneures, les managers et les élues à booster leur confiance, à augmenter leurs performances, pour une carrière pleine de sens. Je les aide à établir un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. J’ai démarré cette activité il y a neuf mois. Au départ, je me suis plutôt orientée vers le coaching individuel, mais maintenant je fais aussi des ateliers, des conférences et des formations en entreprise. J’adore l’émulation qui se crée dans un groupe. Et j’aime qu’il y ait de l’interactivité, des échanges, c’est extrêmement enrichissant, pour les participantes et pour moi ! C’est ce qui est formidable dans ce métier, je reçois énormément. J’adore travailler avec les femmes qui ont envie de réussir, qui ont le souhait d’ « apporter leur pierre à l’édifice », quel que soit leur statut : qu’elles soient déjà chef d’entreprise ou qu’elles aient un projet.

Comment as-tu choisi cette voie ?

J’ai travaillé pendant dix ans comme cadre commerciale, dans le monde de l’investissement immobilier et de la défiscalisation. J’étais manager de réseaux et j’animais des équipes de conseillers en gestion de patrimoine, pour la plupart des hommes. J’aimais beaucoup mon travail, mais peu à peu, l’envie m’est venue de donner vraiment plus de sens, de valeur à ma carrière en créant ma propre activité. Alors je me suis lancée en solo après avoir négocié une rupture conventionnelle. Mon envie était depuis longtemps d’aider les femmes à avoir confiance en elles, à être plus ambitieuses, car c’est vraiment le moteur de la réussite. Ce manque de confiance en soi nous concerne presque toutes et tous à certains moments de notre carrière et de notre vie ! Et puis on est dans une société où il faut toujours être le meilleur, et on peut finir par se perdre…

On parle de plus en plus de la souffrance au travail…

Oui, mais quelquefois c’est un sujet tabou. Je vois beaucoup cela chez les cadres, une souffrance inavouée, en silence. Leur position fait qu’ils ne doivent pas se plaindre. Et pourtant il ne faut pas attendre pour agir, en parler. Je suis très touchée par le bien-être en entreprise. Les nouveaux entrepreneurs, les trentenaires y accordent beaucoup d’importance. Ils ont compris que si leurs salariés sont heureux, leur entreprise sera plus performante.

En quoi les hommes et les femmes sont différents dans le monde de l’entreprise ?

Les hommes se posent souvent moins de questions que les femmes, et ils foncent… En général ils ont plus confiance en eux que les femmes. Elles ont tendance à surinvestir leur job, au détriment de leur vie personnelle. Les femmes sont souvent freinées par leur perfectionnisme. On devrait s’inspirer, nous les femmes, de la facilité des hommes à être dans l’action, et eux auraient intérêt à s’ouvrir d’avantage à leur intuition, leurs ressentis, à l’affectif. De plus en plus d’hommes me contactent parce qu’ils ont envie d’apprendre de nous, de laisser parler leur sensibilité. On est très complémentaires !

Manager des équipes d’hommes, c’était comment ?

J’ai adoré travailler avec les hommes, et je pense que j’ai beaucoup appris à ce poste de manager, mais c’est sûr que j’ai dû faire ma place ! J’ai réussi à me faire respecter, tout en créant un climat de travail agréable pour moi et mes collègues. C’est une des choses dont je suis fière et cela m’a vraiment donné confiance en moi. J’ai depuis toujours un caractère très sociable, j’aime les rencontres et je suis curieuse de l’être humain. Pour moi, les qualités humaines et relationnelles ainsi qu’un état d’esprit positif sont primordiales pour réussir aujourd’hui en entreprise.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi quand tu as quitté cette entreprise pour créer la tienne ?

Apprivoiser la solitude. En plus, c’est aussi à cette période que j’ai divorcé. Une semaine sur deux avec mon petit garçon, ça n’a pas été simple pour moi. J’ai eu longtemps une peur bleue de la solitude. Je ne pouvais pas être seule. J’ai fait beaucoup de chemin depuis ! J’ai appris à aimer les moments de solitude. Sans cela, on ne peut pas vraiment partir à la rencontre de soi-même. Quand on connaît ses axes de progrès – je n’aime pas parler de faiblesses -, quand on se connaît, cela permet d’ajuster les choses sans se renier. Bien se connaitre, cela devrait s’apprendre à l’école : mais trop souvent, on fonce tête baissée, et il faut parfois un déclic pour une prise de conscience.

Cela a été ton cas ?

Oui. Après mes études, j’ai travaillé dans le domaine du tourisme, et je me suis énormément investie dans mon activité de commerciale. Je n’étais pas heureuse, je subissais mon propre perfectionnisme, que je m’imposais. C’est comme s’il fallait que je sois toujours à la hauteur des attentes des autres, de ma famille ou de mon entourage.
J’ai pris conscience de tout ça à 26 ans, après le suicide de mon papa. Cela a été un énorme choc pour moi. Je me suis rendue compte que j’avais tout fait pour être la jeune femme idéale qu’il voulait que je sois. J’ai remis en question beaucoup de choses, et je me suis mise à réfléchir vraiment sur le sens de la vie. Je me suis dit : « C’est moi qui vais créer la vie dont j’ai envie ». Je pense vraiment que dans la vie, il faut prendre ses responsabilités, et arrêter de se cacher derrière les « c’est la faute de… ». J’ai réalisé qu’il fallait d’abord que je réponde à mes propres besoins. Et on a besoin d’un retour à soi, à l’essentiel, pour trouver un équilibre. Dans ce « point de rupture », un livre m’a beaucoup aidé : c’est le livre de Guy Corneau Victime des autres et bourreau de soi-même. Tout un programme ! Maintenant, je suis apaisée par rapport à mon histoire. Cela m’a pris dix ans, mais j’ai pardonné à mon papa, et je le remercie pour le chemin que j’ai pu faire grâce à lui…

Qu’est-ce qui t’as guidée et te guide dans la vie Ludivine ?

Je me suis toujours passionnée pour ce qu’on appelle maintenant « le développement personnel ». J’ai toujours cherché à m’améliorer, à me sentir mieux, à dépasser mes peurs… Aujourd’hui, je ne suis attachée à aucune personnalité ou courant de pensée particulier. Ce que j’aime, c’est faire mon propre chemin. Apprendre de mes lectures bien sûr, mais surtout des rencontres et des expériences que m’offre la vie. Mon crédo c’est : il faut se réapproprier son pouvoir personnel. Mon but est toujours d’aider les gens à devenir autonome, à mobiliser les ressources qu’ils ont en eux pour évoluer et être heureux. C’est vraiment comme ça que je vois le coaching. Et je n’aime pas me limiter dans ce que je peux apporter aux autres. Je suis très attachée à ma liberté.

Tu as grandi près de Nantes je crois, et tu y travailles maintenant, tu es une vraie nantaise !

Oui ! Je suis venue à Nantes dès le lycée en pension, et c’était mon choix ! J’aime beaucoup cette ville, très dynamique, pleine d’espaces verts, elle est très agréable à vivre.

En plus de la création de ton activité de coaching, tu as lancé Femmes de Bretagne dans cette ville. Parle-nous de cette aventure !

Oui, cela s’est fait suite à ma rencontre avec Marie Eloy. Je me suis sentie immédiatement « sur la même longueur d’ondes » qu’elle, et vraiment en harmonie avec les valeurs de ce réseau. Alors j’ai accepté avec joie de devenir coordinatrice en Loire-Atlantique. C’est beaucoup de travail, surtout dans une grande ville comme Nantes, mais c’est gratifiant. Cela m’a permis de rencontrer plein de femmes géniales, et j’ai pu être confortée dans mon idée de départ et mon envie de les accompagner, en comprenant de façon précise les besoins des cheffes d’entreprise ou porteuses de projet. Tout ce que j’avais « dans la tête » s’est vérifié et conceptualisé.

Que lis-tu en ce moment ?

J’adore lire. En ce moment, c’est Frédéric Lenoir. J’aime sa façon de parler de la joie et du bonheur au travail. Je suis quelqu’un de très joyeux, mais j’ai failli moi aussi perdre cette joie de vivre… Quand je surinvestissais mon travail, comme une fuite… La joie, c’est le meilleur des baromètres. Il faut se laisser guider par elle. C’est vraiment important de choisir le métier qui nous plaît vraiment, qui nous apporte de la joie. Quand je parle de ce que je fais, de mon métier, je suis joyeuse, car c’est quelque chose qui me fait vibrer. Et quand on décide de changer, on rayonne une autre énergie, qui attire à soi des gens qui sont dans la joie eux aussi ! En France, c’est comme si c’était normal de subir. Il faut vraiment adopter un état d’être différent, confiant, positif !

Où puises-tu ton énergie ?

Dans la danse, que je pratique depuis toute petite. C’est ma thérapie. Du latino au modern jazz en passant par le fitness. Chacun a quelque chose qui lui fait du bien, il faut juste trouver quoi. Il faut s’accorder du temps absolument. Si tu es vide, tu ne peux rien donner.

En plus de ton engagement dans les réseaux comme Femmes de Bretagne, comment te fais-tu connaître ?

Depuis le début, j’utilise beaucoup les réseaux sociaux et notamment facebook, et je fais de petites vidéos. Je me suis lancée il y a quelques mois, ça me fait sortir de ma « zone de confort » et j’aime bien ça. Je trouve qu’une vidéo est plus percutante qu’un écrit. Et il y a des beaux retours à chaque fois. Et j’aurais d’ici peu un beau site internet, flambant neuf : ludivinelemarie.com

Pour finir Ludivine, un rêve ?

On est tous uniques, que l’on arrête de se comparer ! Mon rêve serait qu’on s’en rende compte dès le plus jeune âge. Qu’on ne mette plus les enfants en compétition ! Quand j’étais enceinte de mon fils, qui a sept ans maintenant, je me suis intéressée à l’éducation bienveillante. C’est ce que je souhaite pour tous les enfants, pour l’avenir, qu’ils comprennent qu’ils sont uniques et talentueux. Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, donc s’ils apprennent à travailler main dans la main dans le respect et la reconnaissance de leurs talents respectifs, notre monde évoluera vraiment !

Photos : Sylvie Cordenner, Couteau Suisse Production

Lisa Mc Garry, à la tête de Mobeefox et Mizenboîte : « On ne peut développer une entreprise sans faire un travail sur soi »

Lisa McGarry est dirigeante de Mobeefox, une start-up qui permet de créer des interfaces mobiles multimédia, et depuis peu de l’imprimerie-façonnage Mizenboîte. Elle partage avec nous les leçons qu’elle a su tirer de son parcours, avec ses réussites et ses embûches. Une chef d’entreprise douce et courageuse, passionnée de coaching.

Mobeefox vient de remporter un prix au concours Lépine. Comment vis-tu cette récompense ?

Je suis très heureuse et fière, il y avait quand même quelque 530 projets au total ! Nous avons reçu la Médaille du secrétariat d’Etat chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger (qui dépend du Ministère des Affaires Étrangères). On s’était dit « on participe », mais on n’avait pas d’objectifs spéciaux… Alors c’est une très belle surprise ! Mobeefox a été récompensé car c’est un produit qui peut être multilingue en un instant, et qui peut être accessible à tout type de culture et d’utilisation. Son lancement en 2006 nous a demandé beaucoup d’efforts et de persévérance, alors on savoure vraiment cette reconnaissance, d’autant plus que là l’activité est en pleine expansion !

Peux-tu nous parler de ton parcours, avant la création de Mobeefox…

Je suis Irlandaise et j’ai fait mes études en France. J’ai passé le bac et un BTS de communication, que je n’ai d’ailleurs pas obtenus, à « zéro-virgule-quelques-points » près, tous les deux ! ! Sur le moment, je l’ai plutôt mal vécu ! Cela faisait peu de temps que j’étais en France, et je n’étais pas très forte à l’écrit. Quand, il y a quelques années, j’ai passé et obtenu un Master en Coaching à Paris, cela a été pour moi une petite victoire. Comme quoi cela avait laissé des traces ! En France, on attache beaucoup trop d’importance aux diplômes !

Il y a une grande différence avec l’Irlande ?

Bien sûr, dans la culture anglo-saxonne en général, on considère qu’il n’y a pas d’échecs, il n’y a que des expériences ! Le diplôme n’est que la validation par un certain corps d’une manière de penser. On ne devrait pas recruter sur un cv, ni sur des diplômes, mais sur des compétences, des capacités et des motivations ! Le « savoir-être », c’est ça qui est important ! C’est à cela que je pense quand je fais passer des entretiens de recrutement : chercher avant tout ce que la personne a envie de faire et d’apprendre.

Après tes études, tu as travaillé dans la communication ?

J’ai d’abord été assistante de direction bilingue, puis j’ai travaillé dans la communication et le marketing, comme consultante, directrice artistique, enseignante… La transmission est une de mes passions. En  2001, mon compagnon Jean-Richard Maguet et moi sommes devenus entrepreneurs, par le rachat de deux entreprises. D’abord une entreprise d’édition de logiciels à Châteauroux, qui comprenait six personnes et avait un CA de 600 000 euros. C’était un départ en retraite, avec un plan de continuation… Suivi de trois croissances externes. Puis une web agency parisienne… Pendant sept ans, j’ai co-dirigé avec lui cette entreprise, qui comprenait en tout 25 personnes, sur deux sites. Quand en 2008 nous avons revendu, l’entreprise faisait 2,5 millions de chiffre d’affaires.

C’était donc une belle réussite ; pour quelles raisons avez-vous revendu l’entreprise ?

Les choses se passaient mal pour notre fils à l’école, pour des raisons de santé ; nous avons décidé de donner priorité à son bien-être. Nous avons voulu nous rapprocher de notre famille, qui est dans le Sud-Finistère. C’était important qu’on se recentre sur notre famille, et qu’on prenne du recul. Aujourd’hui notre fils est heureux, et il va bien ! En nous installant en Bretagne, nous avons trouvé un nouvel équilibre.

Cela avait été un de tes souhaits de devenir chef d’entreprise ?

Non, pas à ce moment là, c’était plutôt le projet de mon compagnon, et moi j’étais en second, j’étais en position d’exécutante. Je ne m’épanouissais pas vraiment, j’étais même en souffrance. L’entreprise pour moi, c’était surtout du stress, voire des angoisses. Aujourd’hui c’est très différent !

C’est à cette période que tu as décidé de faire une formation de coach ?

Oui. En fait Jean-Richard et moi avons eu besoin de vraiment prendre du recul, de comprendre le vécu que nous avions eu à la tête de l’entreprise. Pendant la période de vente de notre maison, il a fait un Master 2 en Management et organisation au CNAM, et moi une formation en Psychologie du travail et un Master 1 en Coaching à Paris VIII. Et pour mieux comprendre les mécanismes qui s’étaient joués, tous les deux on a fait une formation de développement personnel de douze jours, une expérience très intense ! Cela nous a vraiment « décrassé » de notre posture de chef d’entreprise !

… C’est-à-dire ?

Cela nous a fait grandir et changer tous les deux. On ne peut développer une entreprise sans faire un travail sur soi, car la personne et l’entreprise sont indissociables. Depuis la formation, j’ai coaché d’autres chefs d’entreprise mais maintenant, j’ai mis cette casquette de côté. Par contre, j’utilise au quotidien tout ce que j’ai appris, notamment avec mes clients, pour l’activité « conseil en stratégie de communication » qui s’est développée naturellement avec Mobeefox. J’accompagne mes clients depuis la réflexion jusqu’au lancement des produits, avec l’envie de les rendre autonomes. C’est ça qui est enthousiasmant. Et ils sentent que je ne suis pas là pour faire du business sur leur dos, il se bâtît une confiance. On avance ensemble…

Parle-nous de Mobeefox ? Comment l’idée t’est-elle venue ? 

En arrivant en Bretagne, suite à la vente de notre entreprise, nous avons cherché, mon compagnon et moi, comment répondre au mieux, avec notre expertise et notre expérience, aux nouveaux comportements des consommateurs, tout en répondant aux besoins des entreprises de toutes tailles d’avoir des outils simples pour communiquer… Mobeefox est né de cette réflexion. C’est un site internet responsive (qui peut se lire sur les écrans de téléphone mobile), avec des fonctionnalités d’application. C’est un hybride entre le site et l’application mobile, sans qu’il y ait quoi que ce soit à télécharger pour l’utilisateur final. C’est une application « accès libre », « cloud » accessible via des technologies sans contact.

Quelle est son originalité ?

Tout d’abord, le consommateur peut accéder rapidement au site Mobeefox en flashant un QR-code ou un tag NFC, mis sur le support de communication ou la PLV (publicité sur le lieu de vente). Sur un packaging ou sur une étiquette, l’espace est limité, or il faut savoir qu’il y a de plus en plus de mentions légales à indiquer. C’est le cas par exemple dans l’agro-alimentaire, la cosmétique. Il ne reste plus beaucoup de place pour d’autres informations sur le produit : le dernier mode d’emploi, une vidéo tutorielle, la fidélisation, l’interactivité – tout ce qui concerne les échanges avec le client -. Avec la solution Mobeefox, une entreprise peut vraiment apporter à ses clients un supplément d’informations.

De plus, le QR-code de Mobeefox est permanent, il n’a pas besoin d’être renouvelé. Il met à jour en temps réel toutes les informations et fonctionnalités de l’application. Plus besoin de changer le packaging ou de réimprimer de la documentation ! Et en dématérialisant l’information, on fait des économies de papier et carton ! C’est un coût en moins pour l’entreprise et un geste en plus pour la planète.

Peux-tu nous présenter maintenant Mizenboîte ?

Mizenboîte est l’entreprise que nous venons de racheter, à Pordic, dans les Côtes d’Armor – anciennement SH Imprimeur -. C’est un des deux seuls imprimeurs-façonniers en Bretagne. Au départ, nous voulions acheter une agence de communication pour répondre aux besoins des clients de Mobeefox. Nous avions vu une annonce pour une petite agence. Dans les mêmes locaux se trouvait l’imprimerie… On a visité le site et on est tombés amoureux de cette activité artisanale ! C’est du pliage-collage à base de carton plat. Une belle entreprise qui a un vrai savoir-faire… Elle réalise du packaging de petites et moyennes séries, et il y en a très peu qui font çela. On peut aller de 1 boîte à 200 000 boîtes !

Racheter une petite imprimerie ne faisait pas partie des plans…

Pas du tout ! Mais c’est ça la vie d’une entreprise, il faut saisir les opportunités et écouter ses intuitions. Le rachat s’est fait très rapidement, je crois que c’est même du jamais vu de ce point de vue ! On a rencontré le directeur le 26 octobre, on a signé le protocole d’acquisition avant la fin décembre et on a fait le rachat le 1er avril.  Comme on était déjà présents dans l’activité depuis le 1er janvier, et qu’on a eu trois mois d’intégration, tout s’est passé vite et bien. Et puis c’est vrai que nous commençons à avoir un peu d’expérience…

Cette activité artisanale est à l’opposé des technologies en ligne…

Oui, avec l’activité façonnage de Mizenboîte, on est dans le traditionnel, avec des choses palpables, et ça me plaît ! Mobeefox est à la pointe des technologies ; donc on allie le futur et la tradition, et on a deux activités complémentaires. C’est une belle aventure ! Pour moi qui suis une créative, le tournant que nous venons de prendre me convient vraiment bien.

Tu disais que le lancement de l’entreprise avait été difficile…

Au lancement de Mobeefox, qui était précurseur, il a fallu évangéliser avant de pouvoir vendre. Il y a eu des moments très difficiles, où on a été à deux doigts de se décourager ! De plus, je souffre du dos depuis quatre ans, au point que je dois prendre des cachets au quotidien. Certains jours, j’ai du mal à marcher… Heureusement, je suis prise en charge par la clinique de la douleur à Vannes, et ils sont formidables. Je suis beaucoup plus mobile déjà, et toutes les portes sont ouvertes ! Mon dos n’est plus un frein comme il l’a été…

Tout ce surcroît de travail ne t’effraie pas ?

Et bien comme à mon habitude, je ne regarde pas la montagne, je regarde mes pieds ! C’est vraiment pas à pas que l’on fait son chemin. Je prends les obstacles un par un, et alors ce ne sont plus des obstacles. J’ai beaucoup de travail, mais c’est un bon signe. On lance des recrutements en ce moment !
Reprendre une entreprise suppose aussi de gérer de nouvelles équipes, ta formation en coaching doit t’être utile !
Oui pendant cette formation j’ai étudié diverses techniques, comme l’analyse transactionnelle ou la communication  non-violente, dans laquelle l’écoute est primordiale. Il faut être capable de s’exprimer quand ça va bien, mais aussi quand ça va mal. C’est très important de savoir se parler. Cela fait très peu de temps qu’on a repris l’entreprise Mizenboite, mais je vois qu’il y a déjà des résultats notables. C’est un travail de tous les jours. Bien entendu, si on veut apaiser, il faut d’abord être apaisé soi-même. Il faut avoir fait un travail sur soi en premier ! La clé c’est de remettre l’humain au centre de tout.

As-tu des conseils pour rester zen dans les situations très tendues ?

L’outil le plus important c’est : relativiser. On s’arrête et on prend quelques minutes, on ne fait rien. Ensuite on dresse la liste des priorités. Il faut savoir aussi lâcher prise sur les choses qu’on ne peut pas faire. Se dire : j’ai fait de mon mieux… Selon moi pour être un bon chef d’entreprise, il faut apprendre à apprendre. Moi j’ai d’abord appris sur le tas, au quotidien, par nécessité, pas toujours dans le plaisir. Aujourd’hui c’est un vrai plaisir pour moi d’apprendre. Performance et plaisir doivent aller de pair !

Pour finir, comment fais-tu pour te ressourcer ?

Je pars faire du bateau ! En bonne irlandaise, j’ai besoin de la mer… Et j’ai de la chance, entre mon domicile à Belz et mon nouveau bureau à Pordic !

Agnès Bérenguer, céramiste et créatrice de bijoux à Combourg : « Avec mon activité, j’ai mis de l’harmonie dans ma vie ! »

Agnès Bérenguer nous a ouvert les portes de sa boutique et de son atelier, chez elle à Combourg… L’histoire d’une reconversion réussie.

Agnès, depuis quand es-tu céramiste ?

J’ai découvert la céramique il y a 15 ans maintenant, et cinq ans après, j’ouvrai mon atelier. Cela a été dès le début une passion… J’avais une trentaine d’années. J’ai adoré les sensations apportées par le toucher de la terre, une révélation pour moi ! Je me suis dit que cela allait me permettre de faire ma reconversion, en réalisant des bijoux en céramique… J’avais déjà créé des petites collections avec la pâte Fimo (pâte polymère) quand elle est sortie, mais j’avais dû arrêter, par manque de temps. Et depuis toute petite, je confectionnais des bijoux pour ma maman avec tout ce que je trouvais

Dans quel domaine travaillais-tu avant ?

Je travaillais dans la restauration à Paris. Au départ je ne me destinais pas spécialement à ça, j’y suis arrivée un peu par hasard, après un bac G2 (comptabilité). J’ai travaillé dans des restaurants puis sur les salons professionnels. J’installais des restaurants temporaries. J’arrivais avec les cuisiniers, les serveurs, et je gérais les équipes. J’aimais bien mon métier, mais je passais mes journées à courir et j’étais toujours en déplacement. Aussi quand j’ai eu mon deuxième enfant, j’ai dû arrêter.

Avec ton accent chantant, on devine que tu viens du sud…

Oui j’ai grandi à Aix-en-Provence, et je suis arrivée en Bretagne par amour, car j’ai suivi un breton !

Comment t’es-tu formée à ton nouveau métier ?

Je me suis formée en suivant des stages, notamment avec une association de Montgermont, le Gué d’Olivet. Puis du côté d’Angers pour ce qui est de l’apprentissage de la cuisson, car ça ne s’improvise pas, il y a des paliers de cuisson à respecter. Pour le reste je suis autodidacte, et de toute façon il n’existe pas vraiment de formation à la création de bijoux dans le domaine de la céramique. Sinon pour travailler et cuire la terre, l’investissement principal c’est l’atelier et le four. Quand nous nous sommes installés avec mon mari ici à la campagne, nous avons choisi une longère à rénover, dans un lieu qui me permettait d’y installer un jour un coin atelier…

Bien que ton adresse soit à Combourg, on est ici en pleine campagne. Cela a dû être un énorme changement avec la vie parisienne et ton travail dans les salons ?

Oui, j’étais habituée à travailler avec plein de monde autour de moi, beaucoup bruit… et je me suis retrouvée isolée, dans la nature, dans une nouvelle région… Mais comme j’avais mes enfants en bas âge, j’étais très occupée. Dans la restauration de salon, on court tout le temps, on n’a pas le temps de faire une pause ! Ici j’ai trouvé un nouvel équilibre, la création, le calme, m’ont rendue “zen” !  Cela m’a fait énormément de bien.

Nous sommes dans ta boutique – toute en bois – où tu exposes tes créations (à côté de l’atelier). Tu ouvres chaque vendredi c’est ça ?

Oui, tous les vendredis, de 9 h 30 à 18 h, c’est “Portes ouvertes” à la boutique, mais on peut aussi venir dans la semaine, il suffit de me passer un coup de fil ! Et chaque année, pour la fête des mères et fin novembre, avant le marché de Noël, j’ouvre pendant 8 jours, pour présenter une nouvelle collection. Je fais un peu de promo avant, et tout doit être prêt pour le jour J ! Cela me met une grosse pression ! C’est pendant ces 2 semaines que je fais mon plus gros chiffre d’affaires. Depuis le démarrage, j’ai des clientes très fidèles qui viennent tous les ans. Certaines viennent à plusieurs. C’est la « sortie copines » ! Et moi je leur réserve un petit pot d’accueil. Ou alors elles viennent seules. Certaines, qui travaillent dans le coin, passent pendant leur pause de midi, avec leur sandwich ! Je marche essentiellement sur le bouche-à-oreille, depuis le début.

Cette boutique à côté de ta maison, à la campagne, c’est pour toi la meilleure solution ?

Oui. Dès le début, j’ai voulu créer un joli endroit ici pour bien m’occuper de mes clientes et les conseiller, car c’est une des choses que je préfère dans mon activité ! Mes clientes viennent avec leur toilette quand elles ont une cérémonie, et je les aide à trouver le bon bijou. J’adore les aider à personnaliser leur tenue ! Et avec certaines, on se connaît maintenant depuis quelques années, c’est très agréable de se retrouver ! L’été quand il fait beau on peut se poser dans le jardin. J’essaye de me différencier d’un commerce traditionnel. J’aime aussi beaucoup agencer et décorer ma boutique, pour bien mettre en valeur les bijoux. J’aime récupérer des vieux meubles et toutes sortes d’objets que je transforme.
Comme les gens se donnent la peine de venir chez moi, je dois vraiment soigner mon accueil ! J’ai eu quelques craintes quand je me suis lancée, c’était un gros challenge, mais finalement, tout s’est bien passé. Je suis en progression constante depuis le début, avec juste une année 2015 en baisse, mais je crois que cela a été le cas de beaucoup de monde !

Tu exposes tes bijoux en dehors de ta boutique ?

Très peu. Je fais quelques marchés d’artisans comme par exemple Le marché aux fleurs de St-Malo, Les Floréales de Combourg (car je crée aussi des accessoires de jardin). Et mes bijoux sont dans quelques boutiques, mais loin d’ici. Mes ventes se font principalement à la boutique. Je fais très peu de publicité. J’ai un site internet avec une boutique depuis 2 ans, et qui m’apporte aussi quelques clientes… Mais en général elles vont d’abord sur le site puis viennent me voir pour acheter. Le site sert de vitrine.

Quelles qualités demande le travail de la terre ?

Et bien c’est très physique déjà ! Cela demande beaucoup d’énergie. La terre doit être malaxée avant le modelage, il faut nettoyer chaque soir car la terre salit beaucoup. Pour le modelage et la peinture tout est dans la finesse et la subtilité. Pour obtenir de beaux arrondis, il y a un gros travail de ponçage manuel. Tout est peint à main levée. Certaines pièces me prennent des heures, car j’aime avoir un résultat avec de belles finitions. Les bijoux que je crée ont la particularité d’être émaillés sur les deux faces, ce qui implique de les faire cuire sans qu’ils touchent aux plaques du four. Donc la préparation de la cuisson demande du temps. Mais je tiens beaucoup à cette qualité, c’est aussi ma marque de fabrique !

Qu’est-ce qui t’inspire dans tes créations ?

J’aime beaucoup faire des pendentifs qui ressemblent à des petits “tableaux”, dans un esprit “graphique”.  La “dentelle” et les étoffes m’inspirent aussi beaucoup. Je mélange les matériaux, le cuir, les plumes, le métal, la dentelle, le daim… J’incorpore dans mes pigments du granit, des éléments nouveaux… C’est une recherche sans fin !

Es-tu spécialisée dans certains bijoux ?

Non, je propose toutes sortes de bijoux, des bracelets, des pendentifs, des bagues. Je fais beaucoup de boucles d’oreilles car elles me sont très demandées. Ce sont des petits cadeaux que l’on peut offrir ou s’offrir facilement (à partir de 16 euros).  Je m’adresse à tous les âges, de la petite fille à la grand-mère. Dans mon travail et aussi quand j’achète des matériaux, je privilégie la qualité et le made-in-France. Les plumes, je les achète (par correspondance) du côté de Vannes ; ce sont des plumes tombées naturellement, et non pas arrachées directement sur l’animal comme c’est le cas avec certains fournisseurs. II n’y a que pour la partie métallique, les fermoirs, que je me tourne vers des fabricants italiens et belges, car en France on n’en trouve pas !

Les bijoux portent tous un nom, on dirait ?Oui, chaque collection (et même chaque bijou) a son nom ! Cet hiver c’était la collection “Allure”. A partir du 21 mai – pour la fête des mères -, je sors la collection été, beaucoup plus colorée que la précédente. Mes clientes aiment bien ce côté “collections”. Une cliente va s’offrir un collier et quelques fois attendre un peu pour compléter et avoir les autres pièces de la parure. Je veille aussi à personnaliser tous mes emballages et étiquettes, car je pense que ce sont des détails qui comptent. Je fais tout moi-même, mais c’est vrai que tout ça prend beaucoup de temps !

Fais-tu aussi visiter ton atelier ?

Quelquefois, quand on me le demande ! Il m’arrive d’accueillir des groupes de touristes venus en car (du Domaine des Ormes). Ils visitent mon atelier le matin et l’après-midi ils vont au château de Combourg  ! Parfois c’est moi qui me déplace, par exemple au CAT (Centre d’Aide par le Travail) de Dol, j’aime beaucoup ces rencontres. Je vais aussi dans les écoles, je fais découvrir le travail de la terre aux enfants. J’arrive avec mes bâtons, mes blocs de terre, et je leur raconte des histoires…  Et quand ils voient que, après modelage et cuisson, cela devient un beau bijou, ils sont émerveillés !

Est-ce que tu as des messieurs parmi tes clients ?

J’ai une petite clientèle de messieurs, qui viennent pour leurs femmes ou leur grande fille, mais dans l’ensemble la clientèle masculine n’ose pas trop venir. Pourtant j’aimerais bien développer cette clientèle !

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton activité ?

Comme pour tous les indépendants je pense, c’est de devoir porter plein de casquettes et de devoir tout gérer ! C’est parfois épuisant. Même si j’aime la création et le commerce, le fait de toujours devoir se renouveler demande beaucoup d’énergie. Pour ce qui est de mes pubs, j’en fais peu mais je les fais moi-même. Mon site internet aussi m’a demandé pas mal de travail ! J’ai écrit tous les textes et fourni toutes les photos. Sinon, le fait de travailler seule, de tout décider seule, est parfois dur.

Tes proches t’ont encouragée dans ton entreprise ?

Oui, heureusement, mon mari me soutient. Même s’il était plutôt sceptique au début…  Je pense qu’il est assez fier de moi maintenant !

Quelles sont tes ressources dans les moments difficiles ?

Mes amies ! Elles sont très importantes pour moi. Mes amies de Combourg, celles que j’ai connues en arrivant ici, au travers de l’école de mes enfants, ma meilleure amie qui est à Rennes… Et ma maman qui vient tous les ans depuis le sud de la France pour m’aider pendant les nouvelles collections. Elle est formidable, elle m’aide pendant toute la semaine ; elle accueille, sert le café, m’aide pour les repas. Elle m’a toujours soutenue.